Jean-Luc Warsmann est le député sortant (DVC proche de l'UDI) de la troisième circonscription des Ardennes, qui comprend notamment Sedan et Vouziers. À l'issue du premier tour, tenu le dimanche 30 juin, il a été le seul candidat de toute la Champagne-Ardenne à terminer en tête du premier tour et à ne pas faire partie du Rassemblement national (RN).
Il pourrait faire figure de miraculé. Jean-Luc Warsmann est le député sortant (classé DVC mais issu de l'UDI) de la troisième circonscription des Ardennes. Cette ancienne terre industrielle, au riche patrimoine naturel, comprend notamment les sous-préfectures de Sedan et Vouziers.
Les électeurs et électrices de cette partie est des Ardennes votaient pour le premier tour des élections législatives, le dimanche 30 juin 2024. Tout au long de la soirée, le succès du Rassemblement national (RN, nouvelle dénomination du Front national depuis 2018) est apparu incontestable : il est arrivé en première position dans les autres circonscriptions ardennaises, et partout dans l'Aube, la Marne, et la Haute-Marne.
Avec 43,56% des voix, Jean-Luc Warsmann est le seul candidat qui termine en tête de ce premier tour - dans toute la Champagne-Ardenne - à ne pas être issu des rangs du parti d'extrême-droite. Mais il s'agit d'un résultat en demi-teinte : sa victoire au second tour, comme en 2022, paraît loin d'être acquise. Il est suivi d'extrêmement près par Isabelle Roger (RN) et ses 43,38%. En fait, un nombre lilliputien de bulletins de vote les séparent : une petite soixantaine seulement (voir infographie ci-dessous).
Le député sortant se retrouve donc en situation de ballotage réputé favorable. Mais en réalité, il est plutôt en difficulté : lui comme sa concurrente ont eu respectivement près de 15 300 votes... Le report des voix amenées par Sophie Perrin (LFI pour la coalition de gauche du Front populaire), qui a fait 11,74%, pourrait toutefois lui permettre de sauver sa tête (voir plus bas). Isabelle Roger ne s'y trompe pas : sur sa page Facebook, elle remercie ses "amis de la troisième circonscription" pour leur soutien, mais précise que "le plus difficile reste à faire. Sans votre aide, nous ne parviendrons pas à battre Jean-Luc Warsmann et ses amis de 'gauche'."
Elle attaque aussi le député sortant sur son bilan, arguant que "monsieur Warsmann, en 35 ans de mandat, n'a apporté que peu de choses aux Ardennes en dehors de sa propre commune". Elle lui reproche son soutien à un projet de casino à la frontière Sedan-Belgique, et déplore "des fermetures d'usines et d'entreprises".
Un député qui s'inscrit dans la durée
Si son opposante mentionne la durée de 35 ans de mandat (en exagérant un peu), c'est parce que Jean-Luc Warsmann siège à l'Assemblée nationale depuis l'année 1995, année de la mort de Claude Vissac (proche du RPR, descendant du parti gaulliste) des suites d'un cancer. C'était son suppléant, et il a donc terminé son mandat, avant d'enchaîner les réélections pendant un quart de siècle (28 ans jusqu'à la dissolution). Son activité parlementaire, conséquente, peut être consultée sur le site Internet de l'Assemblée nationale.
Jean-Luc Warsmann a dirigé durant tout un mandat la prestigieuse commission des Lois de l'Assemblée nationale (quasiment cinq ans). C'était sous la XIIIe législature, concomitamment à la présidence de la République de Nicolas Sarkozy (UMP). Par sa longévité politique, le député a siégé dans les rangs du RPR, de l'UMP et de LR (chaque parti se succédant), avant de prendre ses distances (toutes proportions gardées) en rejoignant l'UDI, de centre-droit, après 2018.
Il a été successivement conseiller départemental des Ardennes pendant 14 ans et conseiller régional pendant quatorze autres années (depuis 2010). En parallèle, il est maire de Douzy (près de Carignan) entre 1995 et 2014, année où est votée la loi interdisant d'être maire et député en même temps (elle ne s'applique qu'à partir des élections de 2017).
Jean-Luc Warsmann a été régulièrement interpellé quant à la fermeture du service de maternité de Sedan. L'étendue de son action a pu être critiquée (il avait questionné un ministre à ce sujet). Au point qu'il a été enfariné, justement lors d'une manifestation pour la sauvegarde de cette maternité, début 2023 (voir sa localisation sur la carte ci-dessous).
Le procès en résultant avait été très suivi. À noter que l'enfarineur, Emmanuel Jacquemin, est le compagnon de... Sophie Perrin, la candidate LFI qui avait déjà affronté Jean-Luc Warsmann lors des législatives de 2022 et de 2017. C'est d'elle dont va dépendre le report de voix qui pourrait permettre au député sortant de se maintenir et d'entamer un éventuel huitième mandat.
Sur Twitter, le maire (PS) de Sedan, Didier Herbillon a appelé à "faire barrage" et réélire Jean-Luc Warsmann, qui, "lui, est républicain". Le second tour a lieu le dimanche 07 juillet.