Après un été hors-norme en matière de feux de forêts, la préfecture du Bas-Rhin a réuni les acteurs du monde forestier ce jeudi 25 août. L'idée est de créer un maillage territorial pour mieux cibler les zones à risque et éviter des nouveaux feux.
L'été 2022 restera comme une période record concernant les feux de forêts dans le Bas-Rhin, même s'il n'est pas encore terminé. Pour mieux anticiper les départs de feux et éviter de connaître le même été l'an prochain, les acteurs du monde forestier se sont réunis autour d'une table pour concevoir un réseau de sentinelles.
"L'union fait la force", lance Josiane Chevalier, la préfète du Bas-Rhin. Autour d'elle, les représentants de l'Office national des forêts (ONF) et du service d'incendie et de secours du département (SIS 67). Quelques minutes plus tôt, tout ce monde s'était entretenu avec des connaisseurs de la forêt.
On y retrouve les maires de communes rurales et forestières, l'Office français de la biodiversité, les agriculteurs, les chasseurs, le Club vosgien ou encore les brigades vertes : "Nous voulons formaliser ce réseau de sentinelles pour un meilleur travail en commun", explique la préfète. Un travail unique dans le Grand Est, qui s'inspire de ce qui se fait dans les régions du sud du pays, jusqu'ici plus exposées aux feux. Mais aujourd'hui, aucun département n'est à l'abri.
345 départs de feu depuis la mi-juin
Depuis la mi-juin, les incendies en milieu forestier ont rythmé le quotidien du Bas-Rhin, jusque-là épargné : "L'été 2022 a été hors-norme, note René Cellier, directeur du SIS 67. Nous avons recensé 345 départs de feu de broussailles dans le département depuis juin, soit une moyenne de six par jour." Certaines journées, ce chiffre est parfois monté à douze.
A noter, 16 opérations de grande envergure hors forêts. On y retrouve notamment les incendies d'un immeuble à Ostwald, celui d'une scierie à Mothern ou encore l'incendie du moulin des moines de Krautwiller : "Ces opérations ont engagé 1.900 pompiers, pour 12.000 heures au total. On n'a jamais vu ça et on a presque atteint nos limites capacitaires", fait remarquer René Cellier. Les pompiers du Bas-Rhin ont également été envoyés en renfort aux quatre coins de la France, 16 fois exactement.
"Il y a une vraie prise de conscience que cette situation ne restera pas exceptionnelle, et qu'elle se reproduira dans les années à venir, prévient Josiane Chevalier. Le risque de feux de forêts est important. On l'a vu autour de chez nous, dans les Vosges et le Jura."
Une prise de conscience qui doit mener à une meilleure connaissance des risques : "Il faut cibler les zones à risques en répertoriant d'une part les essences des arbres (si ce sont des feuillus ou des résineux) mais aussi en sachant s'il y a des habitations en forêt ou des établissements recevant du public", détaille Nicolas Ventre, directeur départemental des territoires du Bas-Rhin.
C'est un risque émergent à prendre en compte.
Nicolas VentreDirecteur départemental des Territoires du Bas-Rhin
Tout ce travail doit mener à une cartographie précise des zones à risques : "Elle doit permettre aux pompiers de connaître les accès et aux maires de mieux savoir si leurs communes sont exposées ou non à ces feux. C'est un risque émergent à prendre en compte", continue Nicolas Ventre.
Cette volonté de mise en commun des savoirs doit permettre des mesures plus automatiques dès lors qu'un feu se déclare : "Il faut se préparer et être dans l'anticipation pour pouvoir prendre les bonne décisions au bon moment", avance la préfète. Le Club vosgien a par exemple proposé l'installation de caméras sur les châteaux forts des massifs, et une cartographie des réserves d'eau de chaque commune doit être mise à la disposition des soldats du feu.
Josiane Chevalier a affirmé que ces mesures impliqueront une hausse des moyens, et qu'une convention doit être signée entre tous ces acteurs d'ici la fin de l'année pour une mise en pratique à l'été 2023.