Le conseil municipal d'installation de Strasbourg (Bas-Rhin) a eu lieu le samedi 4 juillet 2020. C'est au cours de celui-ci que Jeanne Barseghian (EELV) a été officiellement élue maire par les conseillères municipales et conseillers municipaux.
L'hémicycle du centre administratif de Strasbourg (Bas-Rhin) a accueilli, le samedi 4 juillet à 18 heures, son conseil municipal d'installation. Cette heure tardive, contrairement à Colmar et Mulhouse (Haut-Rhin), est due au nombre important de célébrations de mariages à rattraper après les trois mois de confinement. Jeanne Barseghian (EELV) a officiellement été élue maire : elle succède à Roland Ries (ex-PS), qui détenait les clefs de la mairie depuis 2008. Voici ce qu'il faut retenir de cette session extraordinaire du conseil municipal strasbourgeois.
18h04
Marie-Françoise Hamard, la doyenne du nouveau conseil municipal, parle la première et préside cette séance. Elle appelle le maire sortant, Roland Ries.18h05
Le maire sortant prend la parole : "Chers collègues - anciens et nouveaux, ce n'est pas sans une intense émotion que je prends la parole à l'orée de cet ultime conseil municipal. Nous voici donc - enfin - arrivés au terme d'une campagne municipale très particulière... Me voici donc devant vous, une toute dernière fois, comme le veut la tradition républicaine, pour assurer ce passage de relai.""À l'heure où je tourne cette page de l'histoire de notre ville, et après quinze ans - et trois mois - de mandat, je mesure l'honneur immense que m'ont fait les Strasbourgeoises et les Strasbourgeois en me confiant les destinées de notre ville, durant toutes ces années. Je voudrais les remercier de leur confiance, et leur adresser mes plus vifs et plus sincères remerciements, ainsi qu'aux élus de la majorité sortante, des membres de mon cabinet, et de nos agents souvent mis à rude épreuve."
Il dresse alors le bilan des années écoulées, avant de se tourner vers l'avenir : "Chère Jeanne Barseghian, je souhaite vous adresser mes plus sincères félicitations, à vous ainsi qu'à la nouvelle équipe. Mes voeux vous accompagnent pour la réussite des projets que vous entreprendrez." Et on le sent alors ému : "Prenez soin des trésors de notre ville, de sa vocation européenne si singulière, de son patrimoine, de sa culture, de sa vie intellectuelle foisonnante, et de son appétit de débats et de dialogues. Bon vent et bonne chance, merci à vous tous." Applaudissements, ovation.
18h11
La doyenne de la séance reprend la parole, ouvre solennellement la séance, et fait l'appel. Elle explique ensuite le fonctionnement des boîtiers de vote électronique, gestes barrières obligent. Les formalités obligent à désigner deux assesseuses, la socialiste Céline Geissmann, et la macroniste Jamila Mayima. Le secrétaire de séance est l'écologiste Adrien Arbeit, le benjamin de cette assemblée. Leur rôle sera de signer des documents officiels en fin de séance.18h21
Le vote a lieu. Il y a quelques rires quand Marie-Françoise Hamard murmure que son boîtier de vote ne fonctionne pas... en oubliant de couper son micro. Tout rentre finalement dans l'ordre, et Jeanne Barseghian est officiellement élue maire de Strasbourg par 53 voix : il y a onze votes blancs, provenant probablement des bancs du groupe d'opposition En Marche-Les Républicains (le vote est secret).18h35
Avant le discours de Jeanne Barseghian, la nouvelle maire de Strasbourg, il y a celui de Marie-Françoise Hamard. Elle ne cache pas être émue : "C'est une émotion d'autant plus vive que je ne m'attendais pas du tout à cet honneur [de présider la séance]. J'avoue que le coup a d'abord été un rude. J'ai appris la nouvelle mardi dernier. On se voit, et on se croit, toujours plus jeune qu'on ne l'est."Elle cite Marguerite Yourcenar : "Quand on vieillit, c'est sans doute parce que l'on va moins vite que les honneurs vous rattrape. Mais finalement, il faut bien y trouver quelques avantages, et c'est très bien ainsi. Car cela me donne le privilège de m'adresser à vous ce soir, et de vous donner quelques mots simples venus du coeur."
18h35
Jeanne Barseghian rejoint son fauteuil de maire, et se fait décorer de son écharpe tricolore. Émue. Son discours peut commencer. Le premier d'une longue série : "C'est avec beaucoup d'émotion que je reçois cette écharpe, symbole de notre République, symbole de l'immense responsabilité qui m'incombe désormais. C'est un grand honneur de devenir maire de Strasbourg, maire de toutes les Strasbourgeoises, et tous les Strasbourgeois."Elle a une pensée pour son désormais prédécesseur : "Je tiens à remercier Roland Ries, qui m'a précédé dans cette fonction. Pendant 37 ans de vie politique, il a activement oeuvré, notamment dans le domaine des mobilités. Son engagement européen s'est concrétisé par sa volonté de rapprocher les deux rives du Rhin, avec l'exemple emblématique du tram vers Kehl. Je m'inspirerai de son action."
Et une autre prédécesseuse n'est pas oubliée non plus : "J'en profite pour rendre hommage à Catherine Trautmann, qui a montré la voix. Première femme maire de Strasbourg, grande européenne, qui a transformé notre ville."
Son amour de Strasbourg peut alors être clamé : "Aujourd'hui, avec vous, j'ouvre une nouvelle page de l'histoire de Strasbourg. Strasbourg est ma ville d'adoption et de coeur. Arrivée il y a près de 20 ans à la suite de mes études franco-allemandes, je ne l'ai plus jamais quittée."
"Vivre à Strasbourg, capitale européenne, ville rhénane, terreau d'innovation sociale et environnementale, était une évidence. Cette m'a accueillie, m'a construite dans ma vie d'adulte. Aujourd'hui, me mettre à son service est la plus belle, et la plus noble des missions."
Elle rappelle ses "trois piliers" : l'écologie, la justice sociale, le renouveau du lien démocratique. Elle remercie ses équipes, et témoigne d'un écho : "J'ai senti dans mes échanges une profonde aspiration à la prise en compte des urgences climatiques et sociales qui font écho à un mouvement de fond. À de profonds changements de notre société partout dans le monde."
Et de rappeler les tristes événements pour lesquels on se souviendra de l'année 2020 : "L'année des incendies en Australie, des tempêtes, des records de chaleur en Sibérie. Notre environnement nous envoie des signaux de plus en plus forts, et de plus en plus fréquents."
Sans oublier, lorsqu'elle parle de "défi social et démocratique", de rendre hommage à Monique Maitte. La porte-parole du collectif SDF Alsace est morte le matin-même de ce conseil municipal.
La conclusion de ce discours se fait dans les larmes (Alain Fontanel n'y aurait sans doute pas échappé non plus), puis qu'il est question de famille. Elle est présente dans les tribunes. Quelques instants plus tard, au moment de nommer ses adjointes et adjoints, Jeanne Barseghian en rira en évoquant "un moment d'intense émotion".
18h59
Les trois têtes de liste du second tour sont alors invitées à prendre la parole : Catherine Trautmann, Alain Fontanel qui en profite pour rendre hommage à Roland Ries... et Jean-Philippe Vetter, qui se permet un jeu de mots un peu critique : "Il y a six ans, Roland Ries était élu avec plus de 36.000 voix, soit 45% des suffrages exprimés. Une journaliste avait titré 'un maire minoritaire'. Que devrait-on titrer demain quand un maire est élu avec 15.000 voix de moins ? Je me permets de vous dire que vous pouvez être un maire VERT... ou le maire de tous les Strasbourgeois : un maire ouVERT."Jeanne Barseghian va répondre en évoquant son "humilité de constater la très faible participation". Et rappeler qui commande en se désignant comme "non pas une femme de partie, mais [comme] maire des Strasbourgeoises et des Strasbourgeois". En ajoutant qu'elle attendra les propositions constructives de l'opposition au cours du mandat.
19h24
Jeanne Barseghian demande à ce que lui soit remise la liste des personnes candidates au poste d'adjoint ou d'adjointe. La seule proposition émane logiquement de sa liste, Strasbourg écologiste et citoyenne. La liste ne comprend que des noms, sans délégations, et chaque personne reçoit son écharpe tricolore des mains de la maire avant de siéger à ses côtés :- 1er adjoint : Syamak Agha Babaei, son bras-droit
- 2e adjointe : Suzanne Brolly
- 3e adjoint : Marc Hoffsess
- 4e adjointe : Floriane Varieras
- 5e adjoint : Joël Steffen
- 6e adjointe : Carole Zielinski, 24 ans, colistière présente au débat des jeunes du Fec
- 7e adjoint : Alexandre Feltz
- 8e adjointe : Hülliya Turan, l'alliée communiste de la liste
- 9e adjoint : Pierre Ozenne
- 10e adjointe : Nadia Zourgui
- 11e adjoint : Guillaume Libsig
- 12e adjointe : Anne Mistler
- 13e adjoint : Benjamin Soulet
- 14e adjointe : Julia Dumay
- 15e adjoint : Hervé Polesi
- 16e adjointe : Christelle Wieder
- 17e adjoint : Owusu Tufuor
- 18e adjointe : Céline Geissmann, l'alliée socialiste de cette majorité suite à l'union avec Catherine Trautmann
- 19e adjoint : Abdelkarim Ramdane
19h42
Jeanne Barseghian donne lecture de la charte de l'élu local, qui vise à empêcher toute corruption ou conflit d'intérêts (à consulter ci-dessous). Elle reçoit 61 votes favorables, aucune opposition ou abstention.Charte de l'élu local by Vincent Ballester on Scribd