Tuerie du musée juif de Bruxelles : l'article à lire si vous n'avez rien suivi au procès de Mehdi Nemmouche

Le procès du Roubaisien soupçonné d'être l'auteur du quadruple assassinat du musée juif de Bruxelles touche à sa fin. Voici un résumé du procès qui s'est ouvert le 10 janvier.

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Presque deux mois d'audience, un ballet de témoins, d'experts, de proches, d'anciens otages, de familles des victimes. Des vidéos, des enregistrements, des armes et des imbroglios rocambolesques allant du cambriolage d'un avocat au juré rapportant un complot impliquant un ministre.

Le procès hors norme de Mehdi Nemmouche, 33 ans, principal suspect de la tuerie du musée juif de Bruxelles, s'est achevé le mardi 12 mars à minuit, avec la condamnation de Nemmouche à la réclusion criminelle à perpétuité. Son coaccusé Nacer Bendrer a été condamné, lui, à 15 ans de prison.
 
Le procès est historique : il s'agit du premier portant sur un attentat terroriste commis sur le sol européen.

Rappel des faits : Le 24 mai 2014, un homme abat au revolver deux touristes à l'entrée du musée juif de Bruxelles – Emmanuel et Miriam Riva, deux touristes israéliens. Un jeune employé du musée, Alexandre Strens, alerté par les coups de feu, arrive et reçoit à son tour une balle en plein front. Une bénévole française, Dominique Sabrier, panique et s'enferme dans un local. L'homme défonce la porte, change d'arme et tire à trois reprises avec une kalachnikov.
 
13 tirs en 82 secondes, quatre victimes. Puis l'auteur de l'attaque sort du musée dans le plus grand calme. Six jours plus tard, après un appel à témoin et la diffusion d'images de vidéosurveillance, Mehdi Nemmouche est arrêté à Marseille après que des douaniers découvrent dans un sac, laissé à bord du bus, les armes utilisées pour la tuerie.
 
Le Nordiste est jugé depuis le 10 janvier à Bruxelles, aux côtés de son complice présumé Nacer Bendrer, suspecté de lui avoir fourni les armes. Retour sur les moments forts de ce procès, semaine par semaine.
 
  1. Nemmouche, son parcours, sa défense et son silence 
  2. Sa voix, le Mossard et les "exécutions chirurgicales"
  3. Les éclats de rire, la vidéosurveillance et la fausse kalachnikov
  4. L'ADN, les témoins et "Question pour un champion"
  5. La grand-mère et la prison
  6. Le juré révoqué, le complot et l"incroyable lâcheté" de l'accusé
  7. Les 23 preuves "accablantes" et "l'handicapé linguistique"
 

Semaine 1 : Nemmouche, son parcours, sa défense et son silence 

"C'est un acte d'accusation qui est accablant et qui ne laisse pas beaucoup de doutes sur la culpabilité des accusés" avait lu l'avocat de la famille Riva, Me David Ramet, à l'issue du premier jour d'audience. Les deux hommes nient les faits mais selon l'accusation, Nemmouche est bien l'homme qui a attaqué le musée juif, et Bendrer celui qui lui a fourni les armes.

Elle revient sur son parcours : simple délinquant jusqu'à son séjour dans la prison de 2008 à 2010, il se radicalise et part en Syrie pour combattre dans les rangs de ce qui deviendrait plus tard le groupe État islamique. "Il n'a jamais expliqué à ses proches ce qu'il avait fait concrètement lorsqu'il était à l'étranger", notent les enquêteurs.
 

Toujours est-il que Nemmouche "réapparaît subitement" en mars 2014 chez sa grand-mère à Tourcoing. Alors qu'il loue un appartement en avril dans la commune bruxelloise de Molenbeek, il a des dizaines d'échanges téléphoniques avec son co-accusé, le Marseillais Nacer Bendrer. D'autres appels sont passés avec Abdelhamid Abaoud, l'un des cerveaux des attentats du 13 Novembre à Paris.
 
L'enquête montre également que Nemmouche porte une véritable admiration pour Mohamed Merah, qui a assassiné sept personnes à Toulouse et Montauban en mars 2012. Les preuves s'accumulent : son ADN est retrouvée sur l'une des armes, et des vidéos sont également exploitées à partir d'un ordinateur portable, dans laquelle une voix "impérieuse et gutturale" revendique la tuerie. Plusieurs expertises et d'anciens otages en Syrie l'attribuent à l'accusé.

Nemmouche, lui, déclare que "dans un premier temps, (il) ne (s)'exprimera pas", arguant que la cour avait "expurgé" les témoins à décharge et estimant ne pas être "en mesure de (se) défendre convenablement".
 

Il laisse donc faire sa défense et notamment Me Sébastien Courtoy, un avocat belge connu pour avoir défendu des jihadistes, des complotistes, un négationniste... ou encore Dieudonné, lorsqu'il avait été poursuivi (et condamné) en Belgique. Il assure aux côtés de Me Henri Laquay que Nemmouche "n'est pas le tueur". Une stratégie qui surprend beaucoup de monde en Belgique.
 
Ils avancent plusieurs arguments, par exemple le fait que l'ADN de Nemmouche n'a pas été retrouvée sur la porte du musée ou que le Nordiste de 33 ans n'a opposé "aucune résistance" lors de son arrestation à Marseille. Pour eux, Nemmouche a été "piégé" et est victime d'un complot : la tuerie du musée juif serait en réalité "une exécution ciblée d'agents du Mossad", les services secrets israéliens. Une défense qui ravive d'autant plus la douleur des proches.

 

Semaine 2 : sa voix, le Mossad et les "exécutions chirurgicales"


Les premiers experts défilent aux assises le 21 janvier, à commencer par les secouristes qui sont intervenus sur les lieux de la tuerie, le 24 mai 2014. Ils décrivent alors une scène de crime "impressionnante" et des victimes abattues de manière "chirurgicale".

"Ce sont des personnes qui ont l'air d'avoir été exécutées vu la précision des tirs" raconte une infirmière au sein d'une équipe du Smur.

Ils racontent leur découverte des corps des deux touristes israéliens, leur prise en charge de la troisième victime, qui était encore en vie à leur arrivée, leur "stress" de savoir le tireur proche, toujours en liberté
 
Le lendemain, des enquêteurs sont interrogés sur le possible lien entre la tuerie et le Mossad, les services secrets israéliens sur lesquels les avocats de Nemmouche basent leur défense : ils s'appuient sur le fait que Miriam Riva, l'une des victimes israéliennes, était une ancienne comptable du Mossad. Son mari, lui, avait travaillé à l'ambassade d'Israël à Berlin.
 

À la question : "Y a-t-il un élément qui a pu faire penser à des liens avec le Mossad ?", les deux enquêteurs répondent "Non". La famille Riva a bien vécu à Berlin entre 2018 et 2012, et Mme Riva a bien travaillé pour le Mossad "jusqu'à sa retraite", mais elle "n'était pas sur le terrain opérationnel". Citant une note des renseignements belges, les juges ont déclaré que la théorie de la défense n'était "pas fondée".
 
Le 24 janvier, c'est au tour du complice présumé de Mehdi Nemmouche, Nacer Bendrer, d'être sous le feu des projecteurs. Décrit comme "un bon bandit, comme on dit dans le jargon", ce délinquant marseillais est accusé d'avoir eu un "rôle central" dans la fourniture des armes au djihadiste roubaisien.

En cause, de nombreux échanges téléphoniques avec Nemmouche, en avril 2014. Ce qui coïncide avec la période où ce dernier est soupçonné d'être en pleins préparatifs.
 

Alors que Nemmouche nie toujours être l'auteur de l'attaque, la cour d'assise propose le 25 de le soumettre à un enregistrement de voix, pour la comparer à celle qui s'exprime dans les six enregistrements retrouvés sur son ordinateur.
 
Des enregistrements dans lesquels une voix revendique l'attentat du musée juif : "Ce n'est que le début d'une longue série d'attaques sur la ville de Bruxelles (...) Nous avons la ferme détermination de mettre cette ville à feu et à sang", peut-on notamment entendre.

C'est l'un des points les plus importants du procès, susceptible de faire basculer le jury : Nemmouche, malgré son silence, va-t-il être trahi par sa propre voix ?

 

Semaine 3 : Les éclats de rire, la vidéosurveillance et la fausse kalachnikov


Le lundi 28 janvier, place au témoignage des douaniers qui ont interpellé Mehdi Nemmouche. Le 30 mai, six jours après la tuerie, ce sont eux qui découvrent, dans un bus arrêté à Marseille, une sacoche noire et un sac de sport rempli d'armes. "J'ouvre le sac et le referme immédiatement, pour éviter que les passagers remarquent que j'ai jeté un oeil. Le temps se fige : j'ai nettement aperçu un fusil d'assaut avec un chargeur enclenché" confie Stéphane Mazari.

Sa collègue détache la sécurité de son pistolet, craignant "quelqu'un de dangereux dans le bus". "Je recule pour avoir une vue de tous les passagers, être sûr que personne n'est dans mon dos." Stéphane Mazari contrôle chaque passager jusqu'à Mehdi Nemmouche qui a "au niveau de son veston une forme qui semble être solide". "Je l'attrape sans attendre et crie 'Arme !'"
 

Nemmouche finit par avouer, pour ne pas "embêter les passagers" que le sac et son contenu – des munitions, un revolver et la kalachnikov utilisées à Bruxelles – sont à lui.
 
Quelques jours plus tard, c'est d'ailleurs une (fausse) kalachnikov qui émeut l'audience : l'un des avocats d'une partie civile, Me Vincent Lurquin, est victime dans son cabinet d'un cambriolage le mardi 29 : une arme factice est découverte à la place d'un dossier volé, qui concerne l'affaire Nemmouche. Deux ordinateurs portables sont également dérobés.

Une enquête a été ouverte pour "vol avec effraction et menaces par emblème". Nemmouche réagit le lendemain en condamnant "tout acte d'indimidation" qui viserait "les jurés et les magistrats de ce procès".
 

En sortant de son silence, Nemmouche choque également les familles le même jour en parlant d'un "pseudo-attentat", le jour même où les proches du coupe Riva ont pris la parole pour raconter leur "tragédie".

La défense de Nemmouche, elle, ne démord pas de sa version : leur client a été piégé. Et les avocats assurent que les images de la vidéosurveillance ont été truquées : "Les lunettes de soleil ont été effacées (...) et à la place on y a ajouté des yeux, un regard, la forme d'un nez" affirment les trois avocats. Et Me Sébastien Courtoy d'ajouter : "On bidouille les images (...) On le voit tous."
 
Après l'arrestation vient la garde à vue. Vendredi 1er février, le Roubaisien qui nie les faits est confronté à son attitude jugée désinvolte au cours de sa garde à vue. Dans les locaux de la police de Marseille, il affiche un air détaché, presque décontracté, selon les images de vidéo projetées à l'audience. 

"Je ne répondrai à aucune question", "j'exerce mon droit au silence", "DAS !" (Droit au silence), oppose-t-il alors aux agents. Jusqu'à sourire ou s'esclaffer. "On peut se poser la question de savoir si c'est l'attitude de quelqu'un qui se fait accuser, à tort, de quatre assassinats terroristes" interroge un avocat de l'accusation.

"Quelle que soit l'attitude de Mehdi Nemmouche, ce sera toujours interprété à charge" a regretté de son côté Me Henri Laquay, l'un des avocats du Nordiste.

 

Semaine 4 : l'ADN, les témoins et "Question pour un champion"


L'audience, le 4 février, est consacrée à l'un des principaux arguments de la défense de Nemmouche : l'absence d'ADN sur la porte d'entrée du musée juif, alors qu'on voit le tireur l'ouvrir sur les images de vidéosurveillance. Cette absence de traces prouverait que Nemmouche n'est pas l'auteur de la tuerie.

Une théorie réfutée par un expert en ADN, qui a souligné devant les juges qu'"il est tout à fait possible de toucher un objet et de ne pas laisser d'empreintes", ajoutant même : "L'absence, ça ne veut rien dire, ce n'est pas une preuve".
 

Autre argument de la défense : l'absence de revendication par l'État islamique. Trois experts de la Syrie indiquent le 7 février à la cour qu'en mai 2014 : "l'Etat islamique existe mais le califat n'est pas encore proclamé, ce n'est pas très intéressant de revendiquer sachant qu'ils sont dans la logique de construction d'un territoire" suppose l'un des trois.

La même semaine, Nemmouche est reconnu par une ancienne témoin. Une Parisienne venue le 24 mai à Bruxelles avec son petit ami, s'approche du musée après avoir entendu les coups de feu et croise le regard du tireur, "très calme" et portant des lunettes de soleil ainsi qu'une casquette. Elle reconnaît également les lunettes saisies sur Mehdi Nemmouche.
 
Un témoignage qui ne convainc pas la défense. MSébastien Courtoy pointe les différences entre son témoignage actuel et celui d'alors : "On a quelqu'un qui, à l'époque, dit qu'il a 40 ans, (...) qu'il était rond du ventre" mais aussi "qu'il est blanc, qu'il a le style européen".

 

Pour lui, la jeune femme a été influencée par la photo de Nemmouche largement diffusée dans les médias après l'attaque "C'est ce qu'on craignait, à force de voir pendant des années la tête de quelqu'un, en disant que c'est lui."

Trois jours plus tard, deux autres personnes identifient Mehdi Nemmouche, cette fois-ci comme leur ancien geôlier en Syrie. Les journalistes Nicolas Hénin et Didier François, otages en Syrie, sont formels : "Je n'ai absolument aucun doute sur le fait que Mehdi Nemmouche ici présent était mon geôlier et tortionnaire en Syrie connu sous le nom d'Abou Omar" déclare le premier. Le second affirme avoir été victimes de sévices et d'"une quarantaine de coups de matraque" en 2013.

 
Les deux hommes décrivent un geôlier "sadique, ludique et narcissique", qui "aimait nous faire des petites blagues" en les privant de nourriture, qui chantait Trénet, Aznavour ou Goya, organisait des séances de "Questions pour un champion" avec ses victimes et, ont-ils assuré, aurait torturé des Syriens.

 

Semaine 5 : la grand-mère et la prison


Le 12 février, une autre témoin est appelée à la barre. Il s'agit d'une femme de 60 ans qui fumait une cigarette sur le trottoir devant l'école de ses petits-enfants, le 24 mai 2014, lorsqu'elle croise le regard d'un homme portant une casquette et deux sacs noirs. Sa description coïncide au suspect dont la police communiquera la photo deux jours plus tard.

Alors qu'elle le reconnaît à l'audience, un doute subsiste sur l'horaire précis, entre 16H et 16H15. Ce qui pousse Me Courtoy à mettre en cause ses souvenirs. "C'est le témoin vedette de l'accusation, c'est une affabulatrice." Et de préciser : "Elle a dit 16H15, c'est gênant pour l'accusation parce que ça lui fournit un alibi, à 16H15, il est censé être dans son appartement."
 
Le même jour, un autre témoin s'exprime : il s'agit du directeur de la prison de Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône) dans laquelle Mehdi Nemmouche a été incarcéré entre 2008 et 2010, pour un braquage commis fin 2007. "Je pense qu'il s'est beaucoup radicalisé au centre de détention" indique Charbel Aboud.
 

Il décrit un groupe (dans lequel figurait son co-accusé et complice présumé Nacer Bendrer) qui "sortai[t] de cellule avec des tapis de prière pour foncer pratiquer leur religion (...) dans les salles d'activité où c'était interdit". Un rapport avait été rédigé en 2010 à partir de suppositions, avec "quelques fois" des certitudes.

Le 15 février, ce devait être au tour de la grande-mère maternelle de Nemmouche de témoigner. Mais cette septuagénaire d'origine algérienne, qui ne peut pas faire le déplacement, fournit un certificat médical pour justifier son absence. À la place sont lus ses procès-verbaux, en 2014 et 2016, dans laquelle elle a des mots cinglants pour celui qu'elle a en partie élevé.
 
Elle dit avoir "pleuré pour les victimes", ajoutant : "C'est un déshonneur, c'est une honte pour moi, je le renie !" (...) "Pour nous, il a sali notre nom de famille".

Elle y décrit son enfance difficile, né sans père déclaré et placé à trois mois dans une famille d'accueil car sa mère s'est "complètement désintéressée de lui".

"Sa tête est polluée, je ne peux pardonner à ceux qui ont pollué la tête de Mehdi et je ne lui pardonne pas non plus ce qu'il a fait" déclare-t-elle encore.

 

Semaine 6 : le juré révoqué, le complot et l"incroyable lâcheté" de l'accusé


Après l'affaire de la fausse kalachnikov, nouveau coup de théâtre à la cour d'assise : le procès s'interrompt le 18 février, le temps pour la police d'interroger un juré accusé d'avoir violé l'interdiction de communiquer avec des personnes extérieures

Des investigations, il ressort que ce juré a signalé aux magistrats avoir discuté de l'affaire avec une collègue, sur son lieu de travail, où il est "interpellé" par cette dernière disant s'être trouvée non loin du musée juif.

Elle lui affirme avoir vu Mehdi Nemmouche descendre d'une voiture dans laquelle se trouvaient deux autres hommes.
 

"Elle est persuadée à 100% qu'il s'agit d'un complot et que le ministre belge des Affaires étrangère Didier Reynders serait impliqué dans ce complot", indique la magistrate. Ce fameux témoin ne sera pas auditionné : l'avocat de la défense Me Courtoy estimant qu'il s'agit "sans doute d'une personne en recherche d'attention" et que l'entendre reviendrait "lui infliger une humiliation".
 
Ce n'était d'ailleurs pas le premier problème avec les jurés : plusieurs d'entre eux avaient déjà été récusés depuis l'ouverture des débats,  pour des motifs comme une maladie ou un lien professionnel avec une partie.

L'audience se poursuit malgré ce contretemps et l'avocat de l'une des parties civiles, Me Koening, revient sur la mort de la Française Dominique Sabrier, dernière victime du tireur et "la seule qui s'est su, qui s'est vu assassiner par un tueur de l'Etat islamique". 

Alors qu'elle se réfugie derrière son bureau et tente d'activer le système d'alarme, la sexagénaire "a tout le temps de se voir assassiner froidement par un tueur déterminé", qui change même d'arme pour "l'achever avec une kalachnikov".
 

Au fil de ces témoignages, le silence de l'accusé apparaît de plus en plus insupportable pour les victimes, qui dénoncent une "incroyable lâcheté" selon l'un des avocats de la famille Riva, Me Vincent Bodson. Il accuse : "Au lieu d'assumer ses actes, il a imposé une ignoble stratégie du silence" et, face aux orphelines israéliennes, "n'a même pas eu le courage de les regarder".
 
Le 21 février, une avocate de l'accusation, Me Hirsch, s'appuie sur les appels et connexion enregistrés sur un téléphone turc – utilisé par Nemmouche en janvier 2014 – pour accuser le Nordiste d'avoir été en relation avec le Belge Abdelhamid Abaaoud, l'un des auteurs des atentats du 13-Novembre 2015 à Paris. En cause, un appel de 24 minutes, à la suite de quoi "il va aller, de Syrie, [se connecter] sur le site du musée juif".

 

Semaine 7 : les 23 preuves "accablantes" et "l'handicapé linguistique"


Avant-dernière semaine. Le premier procès pour un attentat terroriste commis sur le sol européen arrive à sa conclusion. La parole est d'abord donnée à l'accusation, à qui il revient de démontrer la culpabilité de Mehdi Nemmouche. 

"Vingt-trois éléments" à charge sont présentés. "En 27 ans de carrière, j'ai rarement vu autant d'éléments à charge d'un accusé qui persiste à nier" souffle Bernard Michel, l'un des procureurs.
 
Cette accumulation de preuves "accablantes" laisse "peu de place au doute" selon eux. "Tout ce qui est écrit dans l'acte de défense a été supprimé, annihilé par les débats" a lancé Me Christophe Marchand, représentant une partie civile. Le parquet requiert "un verdict de culpabilité".

Face à cela, jeudi 28 février, la défense du Roubaisien joue son va-tout. L'enquête ? Elle est "manipulée, bidon" argue Me Courtoy. La vidéosurveillance ? "Truquée". Nicolas Hénin, l'ancien otage qui reconnaît Nemmouche ? "Un expert ès mensonges".
 

Il passe également en revue les victimes. Les époux Riva ne sont pas de simples comptables mais sont affectés à "la surveillance des mouvements chiites" pour le compte d'Israël, assure l'avocat. L'employé Alexandre Strens, fils d'un musulman sunnite converti au chiisme et vivant sous un nom d'emprunt ? Une coïncidence..." ironise Me Courtoy, qui considère son propre plaidoyer comme "une boucherie pour les parties civiles".

Même la vidéo de revendication est passée au crible. "Le type qui revendique, c'est un handicapé linguistique. En cinq minutes, il fait huit fautes" ; tandis que son client, lui, parle un français parfait.

Il indique également, pour la première fois, que d'autres hommes avaient eu accès à l'appartement dans lequel logeait Nemmouche, ainsi qu'à son ordinateur et à ses effets personnels. Il s'agirait, selon lui, des "services pour lesquels Mehdi a travaillé" et qui l'ont "piégé" pour procéder à une "exécution ciblée d'agents du Mossad".
 
Mardi 4 mars, alors qu'il a l'occasion de s'exprimer avant la clôture des débats, Mehdi Nemmouche prend à nouveau la parole pour assurer qu'il a été "piégé". Il s'explique également sur son silence, assurant : "Ce n'est pas une attitude irrespectueuse de ma part, je n'ai vraiment pas cherché à être licencieux". Son complice présumé, Nacer Bendrer, a lui estimé qu'il n'avait "rien à voir dans cette histoire", "un cauchemar pour moi".

Ne restait plus, aux trois magistrats et aux douze jurés, qu'à livrer leur verdict : Nemmouche a finalement été déclaré coupable jeudi 7 mars. Le lundi 11, après avoir lancé une ultime provocation aux juges en déclarant que "la vie continue", il a été condamné à la prison à vie. Son coaccusé Nacer Bendrer est condamné, lui, à 15 ans de prison. 

Les peines infligée à Nemmouche et Bendrer ont été assorties d'"une mise à disposition" à la justice pour une durée de 15 ans pour le premier, de 5 ans pour le second. Cette mesure permet une surveillance judiciaire au-delà de la peine principale.
 
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