Le procès des complices présumés de Mohamed Merah s’est ouvert lundi dans une ambiance tendue. Voici ce qu’il faut retenir de cette première semaine.
Le procès Merah sera long, cinq semaines prévues au calendrier judiciaire, mais il a démarré sur les chapeaux de roues. Dès la première semaine, on est entré dans le vif du sujet. Passe d’armes entre la défense et les parties civiles, "loup solitaire", question de l’anonymat des policiers qui témoignent… Voici les éléments marquants de cette première semaine.
● Une ouverture sous tension
Dès le premier jour, lundi, entre les déclarations enflammées de certaines parties civiles et la meute des caméras et des micros (150 journalistes accrédités, 250 parties civiles), le procès est entré d’emblée dans la dimension d’un événement judiciaire hors norme, tant sur le fond que sur la forme. Le procès des complices du premier terroriste sur le sol français depuis les attentats de la moitié des années 1990.▶︎ ▶︎▶︎LIRE ICI NOTRE ARTICLE A CE SUJET
● Pour sa mère Abdelkader Merah est "innocent"
Tension car dès le premier jour, la mère de la famille Merah, Zoulikha Aziri est présente (elle témoignera plus tard). En sortant de la salle, elle a une altercation avec Samuel Sandler, qui a perdu son fils et deux petits-fils.Devant les journalistes, elle dit regretter pour les victimes, condamne les actes de son fils Mohamed mais affirme qu’Abdelkader est "innocent".
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● "Ben Ben", pour Ben Laden, le surnom d’Abdelkader Merah
Mardi, la Cour a passé en revu la jeunesse d’Abdelkader Merah. Où l’on découvre qu’il était surnommé Ben Ben dans son quartier des Izards à Toulouse, en référence à Ben Laden, car le 11 septembre 2001, il avait crié partout "vive Ben Laden". "J’étais jeune, je me droguais, je ne me rendais pas compte de ce que je faisais, raconte-il à la Cour d’assises. Il n’y avait rien de religieux là dedans ".Même si le président de la Cour souhaite évoquer plus tard l’engagement, la foi et le parcours religieux du principal accusé, l'Islam est partout, dès les premiers jours du procès.
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● La thèse du "loup solitaire" déjà mise à mal
Mardi également, un grand policier, patron de la sous-direction anti-terroriste à la direction centrale de la police judiciaire créé la polémique en parlant de "loup solitaire" à propos de Mohamed Merah. "Merah a choisi seul ses cibles, a fait seul ses repérages, a commis seul les crimes" dit-il. "Vous vous rendez-compte que votre témoignage peut conduire à l’acquittement des accusés ?" lui lance un avocat des parties civiles.L’avocate générale le conspue : "Je suis choquée, Monsieur. Vous nous faîtes un long résumé détaillé de votre enquête et vous oubliez un fait majeur : la revendication que Merah a laissé par écrit et dans une vidéo où il fait allégeance à Al Qaida et à son chef de l’époque Al Zawhahiri. Que je sache, Al Qaida, ce n’est pas une personne, c’est un groupe. Alors comment osez-vous nous servir encore ce « loup solidaire » ?"
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● Des policiers anonymes… mais qui donnent des interviews
Des policiers sont encore au coeur d’une polémique, décidément, quand Maître Eric Dupond-Moretti révèle à l’audience qu’un policier qui a choisi de témoigner anonymement, comme la loi le permet désormais, donne régulièrement des interviews dans la presse.▶︎▶︎▶︎LIRE ICI NOTRE ARTICLE A CE SUJET
● Les victimes n’avaient aucune chance de s’en sortir selon les légistes
Jeudi matin, les dépositions des médecins légistes qui ont autopsié les corps des 7 victimes sont glaçants. "Avaient-ils une chance de s’en sortir ?" demande l’avocate générale. "Aucune" répondent les légistes. Les 7 morts ont tous été touchés voire achevés d’une balle dans la tête. Les deux blessés qui s’en sont sortis n’ont pas eu de lésion cérébrale : le soldat Loïc Liber, tétraplégique a été touché à la colonne vertébrale et au bas du visage, et le lycéen Bryan Bijaoui, polycribblé, au coeur, poumons, estomac et foie.▶︎▶︎▶︎LIRE ICI NOTRE ARTICLE A CE SUJET
● Menaces sur Maître Dupond-Moretti et sa famille
Absent de l’audience jeudi matin, l’avocat d’Abdelkader Merah révèle à la Cour dans l’après-midi qu’il a reçu un courrier qui le menace de mort ainsi que ses deux enfants. "Si Merah s’en sort, tu vas prendre cher". Le courrier, anonyme, menace ses enfants d’une balle dans la tête comme les enfants de l’école juive de Toulouse.
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● Des journées éprouvantes pour les familles des victimes
Tout au long de la semaine, les familles de victimes ont suivi les débats, dans le calme, avec tristesse et parfois colère sourde.Ce procès est une nouvelle épreuve pour ceux qui ont perdu un ou plusieurs membres de leur famille.
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● Le fantôme de Mohamed Merah
Ce procès est surtout celui d’un fantôme. C’est le procès de Mohamed Merah sans Mohamed Merah. Si bien qu’on en vient même mercredi à examiner sa personnalité alors qu’il n’est pas parmi les accusés… et pour cause. Mais c’est l’auteur principal des faits. L’unique auteur selon les avocats de la défense.
● La semaine prochaine…
Lors de la deuxième semaine du procès (qui en comptera 5), il sera notamment question des faits tels qu’ils se sont déroulés, avec des témoignages attendus sans doute bouleversants.On parlera aussi des circonstances du vol du scooter : Abdelkader Merah admet avoir été présent. Y a-t-il participé ?
Enfin on en viendra à son parcours religieux, à sa "conversion" comme il le dit. Et à la question : a-t-il été le mentor, a-t-il influencé son frère pour el conduire à ses crimes ?