La vague macroniste de 2017 a été balayée par le RN. Sur les 18 députés LREM de la mandature sortante, seuls 3 ont été réélus, en Languedoc-Roussillon. Ils ont réussi à sauver leur siège de justesse avec de faibles scores de 52,2 à 54,3%. Au total, avec l'élection de Laurence Cristol, dans l'Hérault, ils ne sont plus que 4.
Le résultat de ces Législatives est une grande déception pour les troupes d'Emmanuel Macron, qui avaient fait le Grand Chelem dans l'Aude et les Pyrénées-Orientales et remporté 7 des 9 circonscriptions de l'Hérault en 2017, après sa première élection à l'Elysée.
Au total, il y avait 18 députés LREM sur 23 en Languedoc-Roussillon, ils ne sont plus désormais que 4, dont 3 sortants.
- Patricia Mirallès : 1ère circonscription de l'Hérault. 2e mandat.
- Patrick Vignal : 9e circonscription de l'Hérault. 5e mandat.
- Philippe Berta : 6e circonscription du Gard. 2e mandat.
A ces 3 réélus, s'ajoute Laurence Cristol, élue sur la 3e circonscription de l'Hérault. Elle succède à Coralie Dubost qui n'a pas pu se représenter à cause de l'affaire de ses "mirobolantes notes de frais de mandat".
Un électorat LREM très resserré
Le camp macroniste est décimé. 3 élus sortants sauvent les meubles de justesse. Patricia Mirallès avec 52.55% au sud de Montpellier, Patrick Vignal réalise 54.37%, aux portes de la Camargue et entre Lunel à Montpellier, enfin Philippe Berta 52.55% MoDem-LREM entre Nîmes et Uzès.
Des élus connus, déjà en politique depuis plusieurs années avec d'importants soutiens et ancrages locaux, notamment au sein du PS et de l'ex "Frêchie".
Ils ont été sauvés par le vote bourgeois des communes du littoral et des métropoles. Des secteurs qui penchent à droite et où la NUPES ne fait pas recette. Même si le vote d'implantation s'est érodé, il ne s'est pas écroulé comme dans d'autres circonscriptions. Ils ont été réélus par la sociologie de leur électorat et sur leur nom.
Emmanuel Négrier, politologue.
Exit les 11 autres députés En Marche, dont 8 sanctionnés et battus, dès le premier tour.
L'autre terre favorable au Président de la République depuis 2017, la 3e circonscription de l'Hérault dans la métropole de Montpellier avec Castelnau-le-Lez reste acquise à LREM mais change de députée. Laurence Cristol est élue avec 53.10%.
La concurrence des candidats dissidents PS ?
Plusieurs candidats battus ont reproché dimanche aux élus socialistes régionaux (Carole Delga, Kléber Mesquida et Michaël Delafosse) d'avoir soutenu des candidatures dissidentes au premier tour, dont les reports de voix ont été décevants à leurs yeux. Ils ont aussi accusé les ténors de la macronie de n'avoir pas suffisamment appelé à faire barrage à l'extrême droite.
Certains ont probablement trainé les pieds entre le premier et le second tour. Mais même lorsque les élus socialistes régionaux ont soutenu des élus NUPES, comme dans la 7e circonscription, résultat, c'est le candidat RN Aurélien Lopez-Liguori qui arrive en tête et est élu avec 59,19%, soit 8.500 voix d'avance sur près de 52.000 votants.
La vague Marine... "une percée historique"
Le Rassemblement National, pour sa part, peut plus que jamais compter sur la force de frappe de Louis Aliot dans l'Aude et le Roussillon et celle du couple Ménard à Béziers, où Emmanuelle Ménard, députée sortante et épouse du maire Robert, a pulvérisé son adversaire de la NUPES avec 69,83% des voix.
Le parti de Marine Le Pen emporte tous les sièges dans les Pyrénées-Orientales et dans l'Aude. 4 sur 6 dans le Gard. Il a en outre nettement gagné la très étendue 5e circonscription de l'Hérault, dans l'ouest du département, et la 7e, du côté de Sète et d'Agde, face aux candidats soutenus par Jean-Luc Mélenchon.
Le RN n’avait que 3 sortants. Face à une élection qui traditionnellement lui était très défavorable à cause du scrutin majoritaire, il réussit une percée historique.
Emmanuel Négrier, politologue.
"C’est le résultat d’une croissance de l’implantation du vote Rassemblement national à partir de trois bastions où il y avait d’ailleurs les trois sortants : la petite Camargue dans le Gard, le Biterrois dans l’Hérault et la plaine du Roussillon dans les Pyrénées-Orientales. A partir de ces trois bastions, on a vu s’étendre une tâche favorable au Rassemblement national" explique le politologue sur France 3.
De plus, la situation stratégique extrêmement confuse de la droite et de LREM, envers les duels NUPES/RN, n'a rien arrangé. D'autant que la gauche a été divisée sur l'accord avec la NUPES. Une aubaine et une opportunité pour le Rassemblement national de conforter cette situation là.
Enfin, "l’abstention massive des quartiers populaires et la forte croissance du Rassemblement national dans les classes moyennes ont fait le reste" ajoute Emmanuel Négrier.
Résultat, 14 élus RN sur 23. L’histoire nous montre qu’en Languedoc-Roussillon quand un élu RN est élu, c’est pour longtemps.
Emmanuel Négrier, politologue.
Le parti d'extrême droite ne parvient cependant pas à s'imposer dès que la circonscription touche ou frôle Montpellier, bastion historique de la gauche. Tout comme en Lozère ancrée à droite.