Quels souvenirs du confinement ? Des dizaines de témoignages apportés à la collecte #mémoiredeconfinement

Certains parlent déjà d'une période "inédite", voire "historique". Ce confinement, qui a perturbé nos vies et occupé l'actualité, ne pouvait laisser indifférent ceux qui collectent les temps forts de notre société : les archivistes. Ils collectent, à Antibes notamment, vos pensées et documents.

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Que restera-t-il de ce temps suspendu, de ce long confinement ? Pour que nos descendants puissent un jour y répondre, les archives municipales d’Antibes dans les Alpes-Maritimes proposent l'opération "mémoires de confinement".

 

 

Il est demandé aux habitants de partager leur quotidien, en ce temps de confinement lié au Covid-19.  Témoignages, billets d’humeur, vidéos, photos… toutes les formes et tous les supports sont acceptés, à condition de respecter les mesures de confinement et la vie privée.

 

C'est aujourd'hui que l'on doit construire l'histoire de demain" Emilie Debled, adjointe au responsable du service des archives municipales à Antibes.

En quelques semaines des dizaines de documents, essentiellement des photos numériques, sont venus gonfler les archives de la ville. Des rues vides, le port, des dessins humoristiques... "Des dons précieux", comme les nomme Emilie Debled.

Le nageur médaillé aux Jeux Olympiques, Alain Bernard, a d'ailleurs lui aussi répondu à l'appel des archivistes :

 

 

Les dessinateurs Kristian, et Jean-Jacques Beltramo, pour qui le confinement a été une source d'inspiration quotidienne, ont tous deux fait dons de leurs dessins :

 

 

Des donateurs connus ou moins connus, tous témoins et acteurs de ce confinement.

Beaucoup de photos, qui témoignent de la façon dont la vie a retenu son souffle dans des lieux devenus déserts, comme l'avenue Sella, à la Garoupe, photographiée par Anne Hirsch :

 

 

Beaucoup de photos, et des textes aussi : poèmes, journaux de borddu confinement qui témoignent d'abord de la perplexité de leurs auteurs face à l'arrêt de toute activité, puis des réflexions intérieures nées de cette situation inédite.

Une mère de famille antiboise, Christelle Spina le raconte :

 

 

 

Les envois se font à cette adresse : archives@ville-antibes.fr > Tout savoir sur les dons.

Reportage durant le confinement :

 

 

Il est possible d'apporter les dons au 12 rue Andréossy à Antibes :

 

 

 

Tout est parti des Vosges

L'idée a été lancée par les archives départementales des Vosges sur les réseaux sociaux. "Simultanément avec les archives municipales de Beaune, dès le 18 mars", au deuxième jour du confinement de la population, raconte à l'AFP François Petrazoller.

"On a un rôle à jouer, celui de conserver la mémoire", estime le chef des archives vosgiennes, en rappelant que ses homologues parisiens avaient collecté directement dans la rue des témoignages après les attentats de novembre 2015. Une démarche inhabituelle alors que la plupart des collectes de documents se font souvent longtemps après les événements.

"On a voulu lancer l'appel tout de suite, car la mémoire s'en va vite. Quand il y a un événement traumatique, les gens ont vite un prisme et ils ne gardent que le très angoissant ou le très rassurant", souligne l'archiviste.

Appel aux objets au MuCem

À Marseille, le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MuCem), a aussi lancé un appel aux dons d'objets usuels ou fabriqués.
Masques, ustensiles de cuisine, mais aussi témoignages de peur ou d'isolement comme ces lettres anonymes invitant des soignants à déménager, sont collectés.

 

 

À tous ces matériaux, l'historienne Annette Becker (Université Paris-Nanterre) aimerait que soient ajoutés "les rêves et les délires des fous qui racontent des choses de notre société", mais aussi toute la "production humoristique" qui circule sur les réseaux sociaux ou plus prosaïquement "les lettres du citoyen lambda qui fait face à la crise économique et qui demande un report aux impôts".

 

"La mémoire est sociale; on ne peut pas se rappeler tout seul. On se rappelle bien de manière sociale et dans le temps", rappelle la spécialiste de la Grande Guerre, période qui vit apparaître les archives intimes.

 

 

 

Pour les historiens du futur, la tâche sera ardue car "la mémoire se transforme constamment selon ce qui survient chaque jour". S'il "reste les faits", "ils seront racontés de manière différente selon chaque personne", ajoute sa collègue Arlette Farge, du Centre de recherches historiques (EHESS/CNRS).

 

Au delà des frontières de la France

Ce type de collecte se déroule aussi au-delà de la France. Chez nos voisins belges, une page Facebook intitulée Covid-19 Archives lui est même consacrée.
La volonté y est toujours la même : "Nous vivons des moments historiques, collectons-en les archives pour ne pas oublier et se souvenir des personnes, des actions et des objets de la plus grande crise sanitaire mondiale de cette deuxieme moitié du 20e siecle."

 

 

Cette page s'inscrit dans un projet de l'Association des archivistes francophones de Belgique. 

 

Retrouvez des témoignages :

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