Trafic de drogue : comment Avignon est devenu le symbole des "velléités d'extension" des gangs marseillais

La maire d'Avignon Cécile Helle demande des renforts de police en urgence alors que la ville est en proie aux règlements de comptes sur fond de trafic de drogue.

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"Un cri d'alarme". Dans un courrier adressé mercredi 24 avril au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin que France 3 Provence-Alpes a pu lire, Cécile Helle, maire d'Avignon, demande "solennellement" des renforts de police supplémentaires "pérennes". "Nous ne pouvons plus nous satisfaire de renforts envoyés l'espace d'un week-end ou de quelques jours", note l'élue qui dénonce "un regain de violence insupportable [...] lié au trafic de stupéfiants", ainsi qu'une "menace permanente" pour les habitants.

Depuis le début de l'année, les épisodes de violence liés au trafic de drogue se multiplient à Avignon, signe que les difficultés marseillaises s'étendent aux villes voisines. 

Multiplication des fusillades

Jeudi 18 avril, un jeune homme de 17 ans a été visé par des tirs dans le quartier de la Rocade, à quelques mètres d'une école. Deux mois plus tôt, un homme d'une vingtaine d'années avait été abattu en pleine rue dans le quartier de la Croix des Oiseaux, à proximité d'un point de deal.

Autre fait marquant, le 16 mars dernier, deux bandes rivales ont échangé des tirs dans le quartier des Olivades. La scène, capturée par un vidéaste amateur, était devenue virale sur les réseaux sociaux. Selon une source policière, ces échanges étaient le signe d'"une tentative de récupération d'un point de deal dans le quartier, par intimidation".

La maire d'Avignon Cécile Helle avait alors lancé un premier cri d'alerte dans un communiqué, réclamant plus de moyens de police pour sa commune gagnée par la guerre des gangs. "Nous devons pouvoir assurer à tous habitants, et ce, quel que soit leur lieu de résidence, le même niveau de sécurité", expliquait l'édile.

Du 25 au 28 mars, des opérations de police ont été menées au sein de la cité Louis-Gros dans le cadre de l'opération anti-drogue d'envergure "place nette". Des interventions qui ont laissé certains habitants sceptiques. Pour eux, ce quartier n'était pas particulièrement connu pour des faits de violence, et ce type d'opération ne stoppe qu'un temps les trafics.

Vendredi 19 avril, une soixantaine de policiers de la CRS 81, basée à Marseille, sont arrivés en renfort à Avignon, a annoncé le préfet de Vaucluse, Thierry Suquet. Pas de quoi rassurer sur le long terme l'élue socialiste à la tête de la commune.

"Nous ne pouvons plus nous satisfaire de renforts envoyés l'espace d'un week-end ou de quelques jours, explique Cécile Helle dans le courrier adressé au ministère de l'Intérieur. Pour lutter contre ce trafic et cette violence qui se sont installés de façon profonde dans certains quartiers de notre ville, il nous faut des renforts de police qui restent dans la durée".

"Marseillisation" des trafics

Le décès du commandant Eric Masson, abattu le 5 mars 2021, est devenu le symbole du narcobanditisme en progression dans la Cité des Papes. En 2023, six morts liés au trafic de drogue en 2023 ont été décomptés, ainsi que vingt-deux tentatives d'homicides en zone police et dix personnes blessées en zone gendarmerie.

Si ces chiffres restent loin de la cinquantaine de morts recensés à Marseille, les violences liées au trafic de stupéfiant sont en forte augmentation dans le Vaucluse, et témoignent des mêmes logiques de "guerres de territoires", selon la procureure Florence Galtier interrogée par l'AFP. 

Les méthodes des narcotrafiquants marseillais semblent en train de se diffuser au-delà de la cité phocéenne, et notamment à Nîmes, ou encore à Avignon. Pour nommer ce phénomène, des syndicalistes de la police emploient le terme de "marseillisation" des trafics. Le procureur de la République Nicolas Bessone évoquait en novembre dernier les "velléités d'extension à l'extérieur", des gangs marseillais.

Selon Claude Simonetti, délégué départemental Un1té Vaucluse (nouveau nom du syndicat Unité-SGP Police-FO), un système est en train se mettre en place, avec de nouvelles personnes aux postes de "choufs" : "Nous pouvons comparer cela à une entreprise, avec une hiérarchie bien définie"

Le nombre fait la force.

Claude Simonetti, délégué départemental Un1té Vaucluse

Mais Avignon n'est pas la seule ville touchée par ces violences en hausse, dans le 5ᵉ département le plus pauvre de France. "C'est la même chose à Carpentras, Cavaillon, Orange", souligne le syndicaliste. "Avec plus d'effectifs de police, la population s'en trouvera rassurée. Quand vous intervenez à trois, c'est différent que si vous intervenez à quatre. Le nombre fait la force."

Interrogé à l'Assemblée nationale en juin 2023, Gérald Darmanin avait rappelé que, depuis 2017, le nombre de forces de l'ordre étaient en augmentation dans ce département : "Les effectifs de police ont significativement augmenté dans le Vaucluse, à hauteur de +24%, soit 91 policiers supplémentaires." Il annonçait également l'arrivée de 12 policiers supplémentaires à Avignon. Pas de baisse des violences pour autant. Depuis janvier, la ville d'Avignon a été le théâtre de 14 fusillades.

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