Le 22 décembre, l'association de supporters Sociochaux a annoncé dans un communiqué le nouveau modèle du FC Sochaux. La Société coopérative d'intérêt collectif (SCIC) globale, promise cet été, ne se fera finalement pas. Seul le centre de formation se transformera en SCIC, les secteurs professionnels et associatifs restant tels quels. Une décision nécessaire, pour l'association de supporters Sociochaux, afin d'assurer la pérennité du club.
"Un nouveau modèle de football populaire". C'est par ces mots que l'association de supporters du FC Sochaux, Sociochaux, a présenté vendredi 22 décembre la nouvelle organisation qui régira le club doubiste dans les années à venir, fruit d'un consensus entre tous les investisseurs intégrés au projet FCSM 2028 (acteurs privés, Sociochaux, collectivités locales, etc).
Le club sera ainsi divisé en trois entités. Deux étaient déjà présentes avant le sauvetage du club effectué en août dernier par Jean-Claude Plessis et un groupe de 46 investisseurs. Il s'agit de la SASP, pour le secteur professionnel, dirigée par un conseil d'administration de six personnes (dont Mathieu Triclot, président de Sociochaux), et de l'Association FCSM, qui s'occupe de la formation des jeunes et l'école de football.
Une SCIC qui ne gérera finalement que le centre de formation
La nouveauté est la création d'une troisième structure, une Société coopérative d'intérêt collectif (SCIC), qui gérera le centre de formation du FCSM. La pépinière sochalienne sera donc dirigée de manière solidaire et collective par tous les investisseurs du projet FCSM 2028, collectivités et supporters compris, qui auront un droit de regard sur les finances et tout ce qui concernera le château de Seloncourt. Une rareté dans le paysage footballistique français.
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Le hic, c'est que ce modèle de SCIC était initialement prévu pour tout le club, y compris son secteur professionnel, afin que supporters et collectivités puissent avoir leur voix au chapitre sur le budget ou les grandes décisions relatives au FCSM. L'idée derrière cet engagement estival : ne pas laisser la direction du club à des partenaires privés, pour éviter de revivre le traumatisant épisode du désengagement de Nenking, qui avait failli faire disparaître le FCSM.
Une société coopérative qui n'est plus globale, cela a pu heurter certains fans Jaune et bleu qui redoutent une nouvelle mise à l'écart des supporters. Pour autant, l'association Sociochaux, porteuse initiale du projet de SCIC, s'est voulue très claire. "Avec ce nouveau modèle, on améliore la place des socios au sein du club" a assuré Mathieu Triclot, président de l'association et membre du CA du club. "Avec ces trois entités, on assure la pérennité du FCSM sur le long terme".
On n'a pas changé de modèle. On l'a amélioré. Et puis il faut se dire que nous, supporters, n'avons pas non plus racheté le club. On ne peut pas avoir les prétentions d'un actionnaire majoritaire.
Mathieu Triclot,président de Sociochaux, association de supporters du FCSM, et membre du Conseil d'administration du club
Ce passage d'une SCIC globale à une SCIC "filiale" a été décidée "après de longs mois d'études menées avec des cabinets d'avocats" se justifie Mathieu Triclot. "46 entités ont mis de l'argent pour sauver le club, avec des sommes différentes. Et si nous voulons grandir sportivement, nous devrons accueillir de plus en plus d'investisseurs privés, qui pourraient être freinés par une SCIC globale". En effet, un système où le pouvoir de décision d'un grand financeur est égale à celui d'un autre ayant investi moins d'argent est susceptible de décourager les investissements conséquents, nécessaires au club pour retrouver les sommets.
Autre argument ayant conduit à ce modèle tripartite selon Mathieu Triclot, la volonté des collectivités locales de ne pas s'occuper du secteur sportif. "Les questions salariales, les choix de direction ou d'entraîneur... Vous imaginez bien que plusieurs collectivités locales ne souhaitaient pas être en position d'administrateurs d'un club de foot" reprend le président de Sociochaux.
Les supporters toujours présents au sein des instances du club
Mathieu Triclot l'admet, "il a fallu tordre, adapter, le modèle coopératif pour assurer la pérennité du club". Pour autant, "les supporters n'ont pas abandonné leur droit de regard sur les grandes décisions" assène-t-il. "Je siège au CA pour les représenter et le centre de formation sera gérée en SCIC. Nous sommes toujours bien présents". De plus, les collectivités pourront avoir un rôle de censeur au CA de la SASP, ce qui garantit contrôle et transparence sur l’usage des fonds publics.
Mais cette répartition est-elle immuable ? Peut-on être sûr que supporters et collectivités auront toujours un rôle à jouer dans la vie du FCSM, quand les nouveaux investisseurs se multiplieront ? "Pour le moment, on travaille extrêmement bien" reprend Mathieu Triclot. "Nous avons également signé un pacte d’actionnaires qui assure notre place au CA de la SASP".
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Suffisant si un gros investisseur conditionnait ses fonds à une rediscussion de ce pacte ? "Non, c'est vrai que sur le long terme, nous n'avons pas de garanties" avoue le président de Sociochaux. Seule une inscription dans les statuts du club pourraient sécuriser la place des supporters au conseil d'administration. "Nous y réfléchissons" lâche Mathieu Triclot.
De nouveaux investisseurs bientôt intégrés ?
La priorité actuelle du FCSM est tout autre : attirer de nouveaux investisseurs. Selon plusieurs sources internes, ils seraient nombreux à être intéressés pour entrer au capital du club, rassurés par la bonne forme sportive des Jaune et bleu. L'équipe devrait en effet se maintenir en National 1 sans problème et, pourquoi pas, viser la Ligue 2.
Reste à sélectionner ces nouveaux financiers avec sérieux, comme cela a été fait jusqu'à maintenant. Histoire de ne pas gâcher la belle histoire du nouveau FC Sochaux. Et de ne pas rééditer les erreurs du passé.