Procès de Gabriel Fortin, "le tueur de DRH", "je souhaite vous parler de la pire journée de ma vie"

Ce lundi 19 juin 2023 s'ouvre le cinquième jour du procès de Gabriel Fortin, dit "le tueur de DRH". Cette journée est la dernière consacrée aux faits qui se sont déroulés en Alsace, le mardi 26 janvier 2021.

Cinquième jour de procès devant la cour d'assises de la Drôme, à Valence. Celui de Gabriel Fortin, surnommé "le tueur de DRH" et accusé de trois assassinats et d'une tentative d'assassinat en janvier 2021. Ce lundi 19 juin, les faits qui se sont déroulés en Alsace sont encore au centre des débats.

Lors de la première semaine du procès, la personnalité de l'accusé, âgé de 48 ans, s'est dessinée. Témoignages de ses proches, conclusions d'experts... Tous décrivent un homme paranoïaque. On décèle également chez Fortin une défiance à l'égard de la justice française. Le vendredi 16 juin, l'accusé a d'ailleurs "contesté" les faits qui lui sont reprochés. L'homme est accusé d'avoir tué de plusieurs balles Estelle Luce dans sa voiture, sur le parking de l'entreprise Knauf à Wolfgantzen (Haut-Rhin).

Ce lundi 19 juin, l'audience devait démarrer à 9h du matin. Elle aura finalement commencé 20 minutes plus tard. D'après nos informations, Gabriel Fortin a rechigné à rejoindre la cour d'assises de la Drôme. L'accusé a tardé à se présenter dans son box. Pendant ce temps, Alexis Walch, le médecin légiste qui a examiné le corps de la DRH Estelle Luce, patiente en visioconférence depuis Strasbourg.

Le médecin décrit les trajectoires des balles qui ont tué la DRH de 39 ans en fin d'après-midi, ce mardi 26 janvier 2021. Il parle de trois orifices dans la partie gauche du visage d'Estelle Luce et un autre au niveau de l'épaule gauche. Des photos de l'autopsie du visage ensanglantée de la mère de famille sont diffusées dans la salle d'audience, en l'absence des proches de la victimes qui sont sortis avant la projection.

Les parents d'Estelle Luce témoignent à la barre. Sa mère lit une lettre à destination de sa fille tandis que son père demande à ce que Gabriel Fortin prenne "le maximum" pour "qu'il ne sorte jamais". Tous les deux sont très émus.

Là, il me dit 'Estelle est morte tuée par balles'.

Evelyne Luce

Mère d'Estelle Luce

La mère de la DRH se souvient de cette soirée du 26 janvier 2021. "[Le conjoint d'Estelle] m'a appelé ce soir-là. J'ai cru qu'il s'était trompé de numéro et qu'il voulait appeler Estelle. Là, il me dit 'Estelle est morte tuée par balles'. Je n'ai pas tout de suite compris."

L'avocate des parents d'Estelle Luce demande au père si lui et sa femme parlent de leur fille entre eux. "Non, ça ne changera rien et c'est trop dur", répond-il. Estelle Luce avait deux filles. Leur grand-mère explique faire des journées shopping avec elles. "Je comble comme je peux." Depuis le box des accusés, Gabriel Fortin se montre très attentif.

Le compagnon d'Estelle Luce, Alain Schmitt, prend la parole. "Je souhaite vous parler de la pire journée de ma vie", lâche-t-il en introduction. L'homme a du mal à parler et projette un diaporama de photos. Des photos de famille, des selfies du couple qui montrent l'expression d'un certain bonheur.

La mère d'Estelle Luce s'exprime

Lors de la suspension de séance à midi, Évelyne Luce, la mère d'Estelle, s'est exprimée devant les caméras. "[Gabriel Fortin] reste toujours dans son mutisme. On a beau lui poser la question, mais il ne dit rien. J'ai essayé, j'ai tenté, mais il ne veut rien savoir, rien entendre. Ce n'est pas sa faute, celle des autres... Il ne se remet même pas en question ! Je crois que l'on n'aura pas de réponses à nos questions, on est face à un mur."

Au sujet des deux filles d'Estelle Luce, leur grand-mère analyse leur façon d'être depuis le décès de leur maman. "C'était assez difficile au départ, elles ont eu du mal à l'accepter. Peut-être se sont-elles refermées sur elles-mêmes. Il y en a une qui le montre en étant très speed et l'autre est beaucoup plus calme, comme sa mère. On leur a demandé si elles voulaient en parler et elles ne veulent pas. Elles ne veulent pas venir au procès non plus et tourner la page, pour avancer."

"Estelle et ses filles étaient heureuses. Elles partaient souvent en voyage. Elle voulait chaque année faire une capitale et n'a pu en faire que deux", se souvient Evelyne Luce qui annonce rester jusqu'au bout du procès. "Je veux assister à tout, tout, tout ! Je veux tout savoir. J'espère qu'à la fin, il va dire quelque chose. Mais ça, je ne peux pas l'assurer..."

Je refuse que M. Fortin ait ce pouvoir sur ma vie

Bertrand Meichel

Dans l'après-midi, Bertrand Meichel, que Gabriel Fortin a tenté de tuer en se faisant passer pour un livreur de pizza le même soir que le meurtre d'Estelle Luce, témoigne. Ce DRH avait organisé le licenciement de l'ancien ingénieur quinze ans plus tôt. "Si je continue à faire ce métier, c'est aussi parce que je refuse que M. Fortin ait ce pouvoir sur ma vie", explique-t-il très ému.

Ce soir du 26 janvier 2021, après que Gabriel Fortin a tenté de lui tirer dessus, Bertrand Meichel a tenté de l'interpeller. Sauf que l'ancien ingénieur s'en est sorti et a pu reprendre la route vers le sud de la France. "Si j'avais réussi à l'arrêter ce jour-là chez moi, je me dis que les personnes de Valence seraient encore là", continue-t-il.

Je ne connais aucun salarié qui ne considère pas un licenciement comme brutal !

Bertrand Meichel

Interrogé par un avocat sur ce que lui inspire le fait que Fortin ne reconnaissance pas les faits, Meichel répond : "Il est complétement déconnecté de la réalité, comme s'il avait exercé une justice divine au-dessus de la justice." L'homme est ensuite interrogé par les avocats de la défense. Ces derniers essaient de démontrer le caractère abusif du licenciement de Gabriel Fortin d'une société basé en Eure-et-Loir en 2006. Bertrand Meichel est celui qui a licencié Fortin et avait à l'époque comme stagiaire Estelle Luce.

Les avocats de Gabriel Fortin s'appuient justement sur le rapport de stage d'Estelle Luce. En face, malgré les assauts des avocats, Meichel tient bon. Le conjoint de la mère de famille fulmine intérieurement face à l'attitude des avocats de la défense. L'un deux, Romaric Chateau, demande : "Est-ce que vous comprenez que le salarié a considéré ce licenciement comme brutal ?"."Non... Et je ne connais aucun salarié qui ne considère pas un licenciement comme brutal !", rétorque le DRH. 

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