Comment le coronavirus a fait du Grand Est une zone rouge : "Enquêtes de région" revient sur la crise du covid19

Ce mercredi 12 mai sur France 3, le magazine "Enquêtes de région" retrace les étapes et les conséquences d'une crise sans précédent pour le Grand Est. Hôpitaux, Ehpad, commerces, entreprises et familles, retour sur deux mois d'exception lors de la première vague de l'épidémie dans "Zone rouge".

Ce magazine a reçu le prix CIRCOM 2021 dans la catégorie regional surveys (enquêtes régionales). Le prix est remis en distanciel ce mercredi 12 mai 2021.

Alors que depuis le 2 juin 2020, nous entamions la deuxième phase de déconfinement, alors qu'enfin la région grand Est est passée du rouge au vert, notre magazine Enquêtes de région revient sur deux mois de crise sanitaire inédite due au coronavirus covid19. Voici trois bonnes raisons de regarder Zone rouge, cette nouvelle enquête mercredi 12 mai à 23h20:

1 - Pour comprendre les mécanismes d'une épidémie

Le 17 février 2020, le coronavirus semble éloigné. Bien sûr, il fait déjà des milliers de morts à Wuhan, mais la Chine c'est loin. Comme chaque année depuis vingt-cinq ans, l'église évangélique la Porte Ouverte Chrétienne de Mulhouse organise une semaine de jeûne collectif. 2.000 personnes s'y retrouvent pour communier. Au même moment, le président Macron se rend à Mulhouse et prend un bain de foule assorti de selfies collés-serrés. Les gestes barrières ne sont pas encore de rigueur.
 


Pourtant, le dimanche 1er mars, la responsable de communication de l'église évangélique observe que seulement la moitié des fidèles assiste à l'office dominical ; et encore, certains toussent beaucoup. 

 

J'ai compris ce qui se passait le dimanche 1er mars parce que seule la moitié de la salle était remplie.
- Nathalie Schnoebelen, responsable communication de l'église Porte Ouverte Chrétienne de Mulhouse.

Au Samu, les compteurs commencent à s'affoler. Les appels décrivant des difficultés respiratoires se multiplient. Patrick Vogt, un des médecins régulateurs, constate que ses collègues médecins et lui-même développent eux-aussi des symptômes respiratoires, alors qu'ils sont vaccinés. Alors que les premiers tests établissent un lien entre le rassemblement religieux et le coronavirus, la propagation de l'épidémie s'accélère.
 


La maire de Mulhouse l'avoue : "Nous n'avons pas mesuré l'ampleur et la vitesse de propagation." 

Au centre 15 de Mulhouse les choses s'accélèrent. Devant le nombre d'appels, il est décidé de mobiliser tout le personnel. On appelle à l'aide des étudiants, des secrétaires, des médecins retraites. L'activité est doublée.  

C'était énorme, effrayant, vertigineux. Les seules choses qu'on entendait c'était le bruit des hélicos et des ambulances, pendant des jours et des jours.
- Patrick Vogt, médecin ému à l'évocation de ce souvenir

À l'hôpital, les patients affluent. Un peu plus chaque jour et le mode d'organisation doit être repensé. Une infirmière témoigne:

En une nuit on a rempli la quasi-totalité de l'unité (de réanimation). On s'est rendus compte qu'on allait vite être dépassés.
- Morgane Rittman, infirmière service réanimation médicale GHR Emile Muller Sud Alsace

Dix, 15, 20, 25 patients nouveaux arrivent chaque jour et l'hôpital lance le Plan Blanc. Le personnel travaille à flux tendu. Des collègues d'autres régions viennent en soutien. Les cadres de l'hôpital constatent que les soignants font aussi partie des malades et craignent une escalade vertigineuse.

Pour soulager les équipes, il faut évacuer les patients vers d'autres hôpitaux, en région d'abord puis sur toute la France et même chez les voisins allemands et suisses. Avions de l'armée de l'air et TGV sanitaires viennent alors en renfort pour évacuer le plus de patients possibles et délester l'hôpital de Mulhouse. Enfin l'hôpital de campagne de l'armée s'installe sur le parking en face des urgences. À Mulhouse, ce sont plus de 1.400 victimes du coronavirus qui sont à déplorer. 

 

2 - Parce que dans les Ehpad, nos aînés ont payé un lourd tribut au covid19

Le 23 mars, l'Ehpad le Couarôge de Cornimont (Vosges) crée le choc. Sur 115 résidents, 20 sont décédés du coronavirus en quelques jours. L'image des cercueils évacués, contenant les corps des victimes âgées, secoue les Français. Les chiffres du nombre de morts en EHPAD jusqu'alors tus, remontent enfin. Au 30 mai ce sont 1759 victimes résidents des Ehpad du Grand Est qui sont à déplorer.
 

Les directeurs  des établissements se sentent seuls. Face au manque de matériel, face au manque de personnel atteint également par le virus. Ils se sentent pointés du doigt. 

Je trouvais ça terrible de se retrouver comme ça placardé dans la presse comme des criminels.
- Sophie Vinel, directrice Ehpad le Couarôge de Cornimont.

Après Cornimont, c'est au tour de l'Ehpad du Chêne de Saint-Dizier (Hate-Marne) d'être touché massivement, puis Lutterbach (Haut-Rhin), Bouxières-aux-Dames (Meurthe-et-Moselle), Mars-la-Tour (Meurthe-et-Moselle)...


Au-delà des chiffres sur le nombre de victimes, ce sont tous les personnels qui sont touchés également. Par le virus mais aussi par la difficulté de voir les résidents mourir. Avec la mise en place du confinement total, puis des visites très réglementées, ils jouent un nouveau rôle auprès des personnes âgées, comblant le manque d'affection et le besoin des familles. Les mesures d'assouplissement des conditions de visites à compter du vendredi 5 juin devraient apporter un peu de répit à ces personnels soignants moins mis en avant que leurs collègues hospitaliers. 


3 - Parce que la vie continue

C'est l'économie de toute une région, d'un pays, d'une moitié du monde qui s'est figée. Après la ruée vers les denrées de première nécessité à l'annonce du confinement, l'économie s'est arrêtée. Dans le Grand Est la baisse de l'activité a été de 35%. Cela représente aussi 15.000 demandeurs d'emploi dans notre région et la moitié des salariés au chômage partiel. 
 


Il a fallu trouver des alternatives pour reprendre le travail : les restaurants ont confectionnés des repas à domicile, les livreurs se sont démultipliés, les entreprises se sont adaptées en fabriquant masques, blouses et visières. Dans l'agriculture, les circuits courts ont été plébiscités. L'État a joué son rôle de providence : indemnisation du chômage partiel, prêts garantis, report des cotisations et d'impôts.... 

Quant à nous tous, on s'est adaptés. Qui, en télétravail, à grands recours de visio et d'audioconférences, qui, en s'improvisant prof avec ses enfants de primaire ou du secondaire, qui, en donnant son temps devenu libre pour les plus démunis ou en délivrant conseils de gym, de yoga ou de musique.

Les initiatives ne manquent pas pour redonner le sourire autour de nous. 
 

 

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