Hesdin : des premières affaires au procès qui s'ouvre, la déchéance de l'ex-maire Stéphane Sieczkowski-Samier en 5 actes

Le procès, qui devait se tenir début septembre, avait été renvoyé à ce mardi 29 octobre.

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Le procès de l'ancien maire d'Hesdin (Pas-de-Calais) Stéphane Sieczkowski-Samier s'ouvre ce mardi au tribunal de grande instance de Boulogne-sur-Mer. Rarement le maire d'une commune de 2000 habitants n'aura autant fait parler de lui. On vous résume l'affaire.

 

1. Visé par plusieurs enquêtes


Élu en 2014 en tant que plus jeune maire de France – sous l'étiquette Divers droite – Stéphane Sieczkowski s'est retrouvé visé, en 2017, par trois enquêtes distinctes : 
 
  • "Détournement de fonds publics" : l'enquête concerne des matériaux de construction, achetés par la mairie et que l'élu aurait utilisé pour des travaux personnels.
  • "Achat de voix" : il était soupçonné d'avoir promis des emplois au sein de la mairie à des habitants en échange de votes aux élections municipales de 2014. Cette enquête a finalement abouti à un non-lieu en mai 2017.
  • "Prise illégale d'intérêt et complicité et usage de faux en écriture publique" : le maire aurait cherché à attribuer de façon irrégulière la gestion de logements communaux à l'agence immobilière de sa mère, qui siège au conseil municipal.

Un an plus tard, en mai 2018, il est déclaré inéligible pour trois ans car ses comptes de campagne lors des élections municipales de 2017 (il n'avait recueilli que 2,86% des suffrages) n'ont pas été validés par la Cour des comptes. En cause, notamment, une fête de mi-mandat à la tête de la mairie, financée par la ville et pour un coût estimé à 23 700 euros.

Restent, également de plus menues amendes comme cette verbalisation, en juin 2018, pour avoir roulé sans casque en quad avec la Miss France nordiste de l'époque, Maëva Coucke. Six mois plus tôt, son permis lui était également retiré après un excès de vitesse.
 
Et puis il y a ces deux revolvers, que le maire est soupçonné en octobre 2018 d'avoir acheté avec l'argent de la ville. Des revolvers de catégorie C et des balles en caoutchouc, armes d'entraînement qui ne sont utilisables que par une collectivité pour pouvoir armer les policiers municipaux – et il n'y en a qu'un seul à Hesdin – avec une autorisation de la préfecture. La demande n'avait pourtant pas été faite.
 
 

2. Gardes à vue avec sa mère


Les soupçons de détournement de fonds publics, qui reposent également sur des repas, "des achats de marchandises" selon son avocat de l'époque, Me Hervé Krych, lui valent finalement d'être placé en garde à vue avec sa mère Christiane Samier en janvier 2019. Les soupçons reposent sur 114 000 euros au total.
 
Il en sort finalement libre, mais est à nouveau placé en garde à vue par la gendarmerie du Portel en mai. On le soupçonne alors de "détournement d'objets saisis" : une somme, correspondant au préjudice présumé du détournement, avait été gelée sur son compte bancaire. Elle a subitement disparu. Encore une fois, il en sort libre.

 

3. La destitution


Isolé sur le plan politique, tandis que ses soutiens le lâchent et que les séances deviennent de plus en plus houleuses, Stéphane Sieczkowski-Samier voit s'approcher, fin mai 2019, la menace d'une dissolution de son conseil municipal.

La préfecture du Pas-de-Calais lance en effet la procédure, qui peut être activée lorsque de graves dissensions perturbent le fonctionnement d'un conseil municipal et mettent en péril la gestion de la commune. L'édile est donc convoqué par le préfet Fabien Sudry, et la demande de dissolution est alors examinée par le Conseil des ministres.

Ce dernier finit par rendre son avis fin août et prononce la révocation de Stéphane Sieczkowski-Samier, qui est publiée au Journal officiel.
 
 

4. Disparu, il conteste la révocation


Destitué, Stéphane Sieczkowski-Samier est censé recevoir en mains propres, par les gendarmes, le courrier qui le révoque. Problème : le jeune édile est introuvable. Même si son conseil Me Krych, assure en souriant qu'"il n'est pas en cavale", impossible de mettre la main sur lui.
 
Où qu'il soit, l'ancien élu fit en tout cas savoir, par l'intermédiaire de son avocat, qu'il conteste cette révocation en dénonçant "une forme d'acharnement" : "la prudence et la précaution auraient voulu que l'on attende la fin de son procès pour détournement de fonds publics avant de prononcer cette révocation" juge son conseil.

Le même jour, toutefois, il publie sur sa page Facebook une photo de lui au Club Med Colombus Isle, aux Bahamas, accompagnée du commentaire un brin narquois : "Touché mais pas coulé !"
 
On ne saura jamais si la photo est authentique – le 22 août, la météo ne semblait pas correspondre aux Bahamas – mais l'élu n'en est pas moins absent. Des conseillers d'opposition suggèrent qu'il puisse plutôt se trouver au Maroc, où il a l'habitude de se rendre.
 
 

5. Un procès, d'abord renvoyé


Stéphane Sieczkowski finit par être remplacé, sur son fauteuil de maire, par son premier adjoint Gérard Lonzinguez. De quoi tenir jusqu'aux élections municipales de 2020. "Mon seul souci, c'est de terminer ces six mois pour que la ville soit dans de bonnes conditions en mars prochain" glisse le nouvel élu par intérim.
 
Le procès pour "détournement de fonds publics", prévu le 12 septembre et qui motivait la contestation de la révocation, est finalement reporté. Sa défense, désormais assurée par l'avocat parisien Pierre-Henri Bovis, parvient à repousser l'audience au 29 octobre. "On s'est d'abord concentré sur la contestation de la révocation", nous expliquait alors ce dernier.
 
Ce matin, Stéphane Sieczkowski-Samier était bien présent à l'audience, ainsi que sa mère. Jugé pour "détournement de fonds publics" et "détournement d'objets saisis", il encourt jusqu'à 10 ans de prison et un million d'euros d'amende.
 
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