Entre le 1er et le 4 avril, la Bourgogne a été frappée par des inondations exceptionnelles. Les riverains, fatigués, doivent maintenant s'appliquer à nettoyer les dégâts. Retour sur 4 jours qui ont marqué la région et ses habitants.
À peine trois semaines après la fin d'une première série d'inondations, la Bourgogne a de nouveau traversé un épisode de crues, début avril. L'Yonne, la Côte-d'Or, la Saône-et-Loire, la Nièvre. Aucun département n'a été épargné depuis le 1ᵉʳ avril. France 3 fait le point sur quatre jours de débordements.
Alerte vigilance rouge crue
Tout a commencé lundi 1ᵉʳ avril : après d'importantes précipitations, les départements de l'Yonne et de la Côte-d'Or ont été frappés par des inondations, basculant ainsi en vigilance rouge crues. Dans le secteur de Semur-en-Auxois (Côte-d'Or), les pluies diluviennes ont fait déborder l’Armançon.
Les habitants ont été surpris par la montée éclair des eaux et plusieurs rues ont été inondées. Un mur de protection de 40 mètres de long a même été emporté par le cours d'eau. Quelques dizaines de kilomètres plus loin, l'Ouche a débordé dans plusieurs communes, dont Fleurey-sur-Ouche, Velars-sur-Ouche, et menace Dijon.
De l'eau et du sang
Mardi 2 avril, c'est au tour de la Saône-et-Loire d'être placée en vigilance rouge, le plus haut niveau d'alerte de Météo France. L'Arroux déborde à nouveau : un troupeau de vaches se retrouve pris au piège de la rivière.
En Côte-d'Or, à Venarey-les-Laumes, l'eau qui gagne les rues du village est rougeâtre. Les inondations ont fait remonter du sang dans les canalisations, tout droit venu de l'abattoir de la commune.
"Ça pue, c'est en train de polluer nos habitations !, peste Marise, une riveraine rencontrée par France 3. Les personnes les plus proches des bouches d'égout vont avoir du sang dans leurs habitations. Ça va infiltrer les murs... On ne se débarrasse pas de l'odeur du sang comme ça !"
Dijon inondée
Toujours en Côte-d'Or, les rues de Dijon sont gagnées par les eaux. L'Ouche, en crue, s'est infiltrée dans le quartier du port du Canal. Certaines rues sont complètement inondées et l'hôpital psychiatrique de la Chartreuse est également concerné. Nombre d'habitants gardent en mémoire la crue quinquennale de 2013.
"Là, ça va, c'est moins qu'en 2013. À l'époque, on avait 60 centimètres d'eau dans le salon !", se souvient Dominique. C'est aussi le sentiment de Patrick, habitué du quartier et ex-gérant d'un magasin de vélo au port du Canal. "En 2013, on avait 50 centimètres d'eau dans la cave du magasin et la rue de l'île était encore plus pleine qu'ici."
Un épisode d'inondations exceptionnel
Dans la ville de Tonnerre, dans l'Yonne, les inondations ont été particulièrement violentes. Le débit de l'Armançon était très élevé, mardi 2 avril, et son niveau a atteint plus de deux mètres. "L'avenue de Montabord est celle qui a posé le plus de soucis en 2013. Des habitations et des entreprises y sont installées," explique Cédric Clech (SE), le maire de la ville.
Un reportage d'Éloïse Gerenton, Louis Mallejac et Pierre Chamussy
Certains habitants ont même dû être évacués d'urgence, dans la nuit du 2 au 3 avril. Relogés dans un gymnase, les sinistrés sont lassés par la répétition des crues. 2013, 2015, 2018 et maintenant 2024. Si la Bourgogne est habituée aux inondations, la situation de ce mois d'avril est exceptionnelle, selon François Lequeu, chef technicien au centre Météo France de Dijon.
Le temps du nettoyage, et de l'indemnisation
Les dégâts matériels se multiplient, et la détresse pointe chez certains sinistrés. La décrue, amorcée par endroits, devrait se poursuivre dans les jours à venir. Samedi 6 avril, le thermomètre a flirté avec les 30°C en Bourgogne.
En attendant, quelques communes s'organisent pour permettre à leurs riverains de continuer à circuler, malgré les niveaux d'eau toujours élevés. À Brienon-sur-Armançon, la mairie a mis en place un système de tracteur-navette. Christophe, employé communal, réalise ainsi une quarantaine de trajets quotidiens.
Pour d'autres, l'heure est au nettoyage, et à l'indemnisation. Logements inondés, caves endommagées et cultures abîmées. Pour connaître les détails de l'aide dont vous pourrez bénéficier, il convient de vous tourner vers votre assureur. Vous pouvez également vérifier le type de contrats signés. Plusieurs communes, dont Dijon et Montbard, ont déjà fait une demande de reconnaissance de l'État de catastrophe.