Mort d'Émile : un an après la disparition de l'enfant, ce que l'on sait de l'enquête

Le 8 juillet, 2023, il y a tout juste un an, Émile, 2 ans et demi, disparaissait au Haut-Vernet, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Plus de huit mois plus tard, le 30 mars, une habitante du Vernet, le hameau en contrebas, retrouvait le crâne du petit garçon lors d'une randonnée.

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Que s'est-il passé le 8 juillet 2023, dans le hameau du Haut-Vernet, il y a un an , jour pour jour ? Ce jour-là, Emile, deux ans et demi, échappe à la vigilance de ses grands-parents. Il est vu par deux habitants du hameau pour la dernière fois à 17 heures.

Des analyses en cours

Depuis la disparition du petit garçon, ce qui a fuité de l'enquête laisse planer le plus grand flou. Le 10 juillet, deux jours après le début des battues massives lancées par les gendarmes et de nombreux bénévoles, la Préfecture annonçait la fin des recherches à grande échelle, pour laisser place à des "moyens spécialisés". Cela a permis d'analyser la téléphonie, les véhicules qui sont venus sur la zone ce jour-là, ou encore les sources de chaleur, à l'aide de caméras thermiques, dans l'espoir de retrouver le petit garçon vivant.

97 hectares de champs et de bois ont été ratissés, sans que la moindre trace du petit garçon n'apparaisse. Ensuite, l'enquête patine.

Le 28 mars 2024, une mise en situation avec plusieurs habitants du hameau présents sur place le jour de la disparition doit permettre aux enquêteurs d'y voir plus clair. À ce jour, il ne semble pas que cette reconstitution des faits ait fait progresser les enquêteurs.

C'est en revanche le, le 30 mars que l'affaire prend un nouveau tournant. Une randonneuse trouve un crâne en se promenant. Elle l'amène en gendarmerie. Il s'agit bien de celui d'Émile, confirme le parquet. Le 1er avril, un 150 mètres du lieu où est découvert le crâne, les gendarmes trouvent des vêtements. Un tee-shirt, des chaussures, une culotte. Le 9 avril, un nouveau petit os appartenant à l'enfant est découvert. Le 10 avril, le procureur d'Aix-en-Provence annonce la fin des opérations de recherche sur site.

Les éléments trouvés sont désormais entre les mains de l'IRCGN, l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale.

Les éléments divulgués

La dernière prise de parole publique du procureur d'Aix-en-Provence, Jean-Luc Blachon, sur le sujet, date du 2 avril 2024. Il révèle alors que le crâne de l'enfant a été découvert à environ 1,7 kilomètre à vol d'oiseau du hameau du Haut-Vernet, a-t-il précisé. Soit 25 minutes de marche pour un adulte. Cet ossement se trouvait "sur le sol d'un chemin étroit, un chemin forestier suivant une ligne de niveau, avec une très forte déclivité", de l'ordre de 30%. 

Il présentait des petites fractures et des fissures post-mortem probablement causées par des animaux.

Selon le magistrat, les chiens spécialisés dans la recherche d'ossement le 23 juillet n'ont pas parcouru ce sentier. "Je ne peux affirmer aujourd'hui que chaque mètre carré a été foulé par un membre des équipes de recherche."

Les fortes chaleurs d'été pourraient expliquer pourquoi les hélicoptères dotés de caméras thermiques n'ont pas retrouvé l'enfant, lorsqu'il était encore en vie.

"Entre la chute, l'homicide involontaire et le meurtre, on ne peut toujours pas privilégier une hypothèse plutôt qu'une autre", explique-t-il.

Au Haut-Vernet, les hypothèses des habitants

Très vite après la disparition de l'enfant, une atmosphère de suspicion a régné dans le hameau du Haut-Vernet. Comment un enfant peut-il disparaître dans une zone en cul-de-sac, sans que personne ne s'en aperçoive ?

Les suspects un temps étudiés par les enquêteurs ont été écartés. Après la découverte d'une partie des ossements d'Emile, la plupart des habitants espéraient que l'enquête révélerait qu'il s'agissait simplement d'un accident. Selon Le Figaro, à ce jour, ils n'y croient plus.

"C'est un parcours loin d'être évident, dit un habitant rencontré par le journal, ancien moniteur de ski. Pentes raides, herbes hautes... Même un gosse de dix ans n'y va pas. Ou alors, il fait dix mètres et rebrousse chemin."

Une autre ajoute : "C'est incompréhensible que le crâne ait été retrouvé là. Je suis chasseur et chercheur de champignons, c'est un endroit où on est allé des dizaines, si ce n'est des centaines de fois, que ce soit pendant l'été et après, pendant la chasse. On l'aurait trouvé." Au Haut-Vernet, les chasseurs s'étonnent que les chiens n'aient pas donné l'alerte, si le corps était sur place depuis plusieurs mois.

BFM d'Ici, l'antenne locale de BFM dans les Alpes, a rencontré le maire du Vernet, François Balique, un an après : "on a besoin de savoir. Un enfant de deux ans et demi, ça ne meurt pas comme ça. Ces questions méritent des réponses mais peut-être que nous ne saurons jamais… Il faudra vivre avec ce doute". 

Avec Le Figaro, l'édile évoque l'obsession de l'enfant pour une cabane familiale en amont de la maison. Un habitant juge suspect le comportement d'un oncle le jour de la disparition. Des pistes certainement étudiées par les enquêteurs, qui refusent de se prononcer davantage.

Une enquête et des zones d'ombre

Pourquoi tous les ossements d'Émile n'ont pas été retrouvés ? Pourquoi cette découverte est-elle apparue si tardivement ? D'après Le Figaro, qui cite des sources proches de l'enquête, les habits de l'enfant ont été découverts en parfait état. Ses chaussures étaient dépourvues de lacets.

Si un animal s'était attaqué à l'enfant, comment se fait-il que des vautours n'aient pas été aperçus autour des lieux, alors que tout le hameau guettait le moindre indice ?

Une autre zone de flou tient aux deux derniers témoins qui ont vu l'enfant. L'un l'a vu se diriger vers le haut du hameau, l'autre vers le bas. Les deux témoins se sont finalement accordés sur une seule version : Emile s'est dirigé vers le bas du hameau, pas en direction de la cabane évoquée par le maire.

Un an après le drame, le mystère reste entier.

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