Après une première vague à l'automne, l'inquiétude des salariés de l'industrie resurgie. Restructurations, suppressions d'emplois et parfois licenciements se multiplient. En un an, plus de 4 000 emplois ont été supprimés dans l'industrie, notamment dans le Jura et en Saône-et-Loire.
En ce mois d'avril 2021, les annonces se multiplient sur le front de l'emploi. Dans les usines du Haut-Jura, dans le bassin minier ou encore à Belfort ou Nevers, la mobilisation des salariés s'organise. La crise sanitaire pourrait aussi détruire des milliers d'emplois supplémentaires dans les mois à venir.
Cette semaine, les salariés se sont à nouveau mobilisés. Ce vendredi 16 avril, à Belfort, les salariés de General Electric Steam Power dénoncent le plan de sauvegarde de l'emploi présenté par la direction. Près de 200 postes pourraient disparaitre dans l'usine de Belfort. Jeudi, les salariés du sidérurgiste Aperam de Gueugnon (Saône-et-Loire) et ceux de Pont-de-Roide (Doubs) dénoncaient le projet de réorganisation du groupe qui pourrait menacer des dizaines d'emploi dans les deux sites.
Mercredi 14 avril, ce sont les salariés de MBF Aluminium à Saint-Claude qui protestaient contre la disparition de leur outil de production. Leur entreprise qui compte 240 salariés a été placée en redressement judiciaire et le plan de continuation de l'activité présenté a été retoqué par la justice. Le même jour, on apprenait que ce seront finalement 52 emplois qui seront supprimés dès cette année sur les deux sites de Michelin dans l'Yonne et en Saône-et-Loire. De nouvelles réductions d'effectifs sont annoncées jusqu'en 2023.
Seule bonne nouvelle de la semaine, l'annonce de l'arrivée d'un nouveau client pour FM Logistic dans le nord de l'Yonne qui permet le maintient de 130 emplois.
Des fermetures d'usines
A chaque fois, ces annonces suscitent l'inquiétude sur des territoires entiers. En janvier, l'annonce de la suppression de plus de 200 emplois sur le site d'U-shin à Nevers avait secoué toute une agglomération. Cet automne, en 3 semaines, c'est le Jura, département qui compte la plus grande part d'emplois dans l'industrie, qui apprenait coup sur coup la suppression de près 400 emplois dans 5 entreprises différentes.
Au delà des réductions d'effectifs, certains groupes ont déjà annoncé la fermeture de plusieurs sites. A Avallon, c'est le cas du fabricant de roulements à billes SKF qui doit cesser son activité à la fin de l'année. L'autre usine SKF de Lons-le-Saunier perd plus d'une centaine d'emplois.
En Saône-et-Loire, le site d'Eolane, spécialisé dans l'assemblage de circuits imprimés qui a été placé en liquidation judiciaire fin 2020 faute de repreneurs. A quelques kilomètres, le fabricant de collants Gerbe a lui aussi cessé sont activité. Un sort que redoutent désormais les ouvriers de Jacob-Delafon à Damparis (Jura). Ils dénoncent l'absence d'efforts faits par le propriétaire américain pour s'accorder avec un repreneur, ce qui menace la survie du site.
La carte des plan sociaux
Ci-dessous, une trentraine de sites dont la fermeture a été annoncée (en noir), qui connaissent des réductions d'effectifs (en orange) ou dans lesquels les salariés redoutent des suppressions de postes à court terme (jaune). Ici, près de 1 500 suppressions d'emplois ont déjà été confirmées depuis le début de l'année 2020 et près de 600 autres sont en sursis en Bourgogne Franche-Comté.
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15 000 emplois détruits en un an en Bourgogne Franche-Comté
Mais dernière les piquets de grève et les collectifs de salariés suffisamment nombreux pour médiatiser leur combat, de nombreux autres emplois ont disparu bien plus discrètement, dans des PME, des sous-traitants ou à travers des ajustements d'effectifs plus restreints. Sollicités, les services de l'Etat en Bourgogne Franche-Comté refusent de donner la liste des entreprises concernées.
En 2020, selon les derniers chiffres de l'INSEE, 4 180 emplois ont été supprimés dans l'industrie en Bourgogne Franche-Comté. C'est 2,5% des effectifs. Principaux secteurs touchés : les biens d'équipement et l'industrie des transports, durement frappés par le premier confinement, quand l'industrie agroalimentaire ou l'énergie résistent mieux. A noter que 3 000 autres emplois ont été supprimés dans l'intérim et plus de 8 000 dans les services sur les 12 mois de l'année 2020 en Bourgogne Franche-Comté. Au total, selon l'INSEE, 15 430 emplois ont été perdus dans le secteur privé.
De nouvelles défaillances à venir ?
Le plus rude reste sans doute à venir en terme d'emploi. Paradoxallement, le nombre d'entreprises à s'être placées sous la protection du tribunal de commerce a diminué l'an dernier, notamment grâce aux mesures de soutien à l'économie débloquées par l'Etat et les collectivités.
"Certaines entreprises sont sous perfusion, etime Christian Bougnon, en charge du suivi des plans sociaux à la l'union régionale CFDT. Dès le début du remboursement des Prêts garantis par l'Etat (PGE) ou d'autres charges, elles vont être obligées d'aller se mettre sous la protection du tribunal. On s'attend à une vague. En tout cas à une remontée brutale des défaillance d'entreprises." Une inquiétude partagée du côté patronal. En théorie, ces prêts sont garantis pour une durée maximale de 6 ans. Fin mars, les petites entreprises dénoncaient déjà la pression qu'elles estiment subir de la part des établissements bancaires pour leur remboursement.