Gainsbourg, la Reine mère, le Pape y ont dîné... l'Espérance de Marc Meneau de nouveau à vendre aux enchères

L'emblématique restaurant niché au pied de la colline de Vézelay, dans l'Yonne, est remis en vente aux enchères judiciaires. Mise de départ : 100 000€. La première mise en vente, en février 2024, n'avait pas permis de trouver de repreneur.

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Nouvel épisode dans ce feuilleton qui s'éternise. Trois mois après de premières enchères infructueuses, l'Espérance de Saint-Père est remise en vente. Des visites auront lieu les 15 et 17 mai, pour une vente le mercredi 29 mai, indique le tribunal judiciaire de Versailles.

L'Espérance et le Pré des Marguerites remis en vente

L'hôtel-restaurant de l'Espérance est à vendre pour une mise de départ de 100 000 €, pour les 730 m² que comptent le bâtiment et son annexe. Le maire de Saint-Père Christian Guyot, contacté par France 3, précise que le bistrot le Pré des Marguerites est également remis en vente, même s'il ne figure pas encore sur le site des enchères judiciaires. 

"L'Espérance n'avait pas trouvé d'enchérisseur lors de la vente en février", rappelle le maire. "Le Pré des Marguerites, en revanche, avait eu une adjudication par un porteur privé, mais une surenchère avait été déposée dans les 10 jours suivant la vente. La loi stipule que dans ce cas, une nouvelle vente doit être organisée."

La municipalité assure qu'elle continue à suivre le dossier de près. "Nous gardons une vigilance, nous étudierons toute proposition", promet Christian Guyot. À Saint-Père, l'avenir de l'Espérance est pris très au sérieux. La commune pourrait faire valoir son droit de préemption (qui lui donne priorité sur n'importe quel autre enchérisseur), "mais ce ne serait faisable que si nous avons un porteur de projet sérieux". Car, si le prix de départ est dérisoire (moins de 140 € du mètre carré), les travaux de remise en état s'élèvent facilement à un ou deux millions d'euros.

Grandeur et décadence de l'Espérance

Car aujourd'hui, l'Espérance n'est plus qu'une coquille vide. Autrefois haut lieu de la gastronomie et "rendez-vous de tous les grands de ce monde", l'hôtel-restaurant de Marc Meneau a vu passer la Reine mère Elisabeth Bowes-Lyon, président américain Nixon, le Pape, ou encore Serge Gainsbourg qui y a élu domicile pendant plusieurs mois à la fin de sa vie.

Marc Meneau était l'un des rares chefs à avoir décroché la récompense suprême : trois macarons au guide Michelin, une consécration. Enfant du pays, fils du bourrelier et de l'épicière du village, ce grand gaillard au tempérament bouillonnant obtient sa première étoile en 1972, la seconde en 1975 et la troisième en 1983. Ce sont les années fastes de l'Espérance.

À partir de la fin des années 90, le ciel s'assombrit. En 1999, coup de tonnerre : l'Espérance perd une étoile au guide Michelin. Marc Meneau se bat pour maintenir le navire à flots, mais le mal est fait et le restaurant ne se remettra jamais vraiment de ce coup dur. Les dettes s'accumulent : en 2007, le tribunal d'Auxerre prononce la liquidation judiciaire de l'Espérance.

En 2016, un groupe hôtelier rachète les bâtiments et promet d'en faire un hôtel-restaurant de luxe avec spa, extension, modernisation... Des travaux de déblaiement sont entamés : l'Espérance est "désossée", vidée de tous ses meubles, sols, revêtements. Mais le projet flamboyant, chiffré à 16 millions d'euros, n'ira jamais plus loin : la société fait faillite et est placée en liquidation judiciaire, abandonnant l'Espérance à son triste sort.

 

Aujourd'hui, cela fait près de 10 ans que l'Espérance est livrée aux élements. "La végétation a repris ses droits", explique le maire de Saint-Père. "Maintenant, c'est le domaine des chevreuils et de la sauvagine, comme on dit ici. Les arbres poussent dans le bâtiment, les bambous sont devenus une forêt. C'est dramatique."

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