40 impacts de balles sur la boulangerie et la pharmacie : comment expliquer la fusillade aux Champs-Plaisants à Sens

Dans la nuit du 14 au 15 septembre, deux commerces des Champs-Plaisants ont été visés par des tirs d’armes à feu. Un incident qui s'ajoute à une liste déjà longue, dans ce quartier connu de la police.

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Une quarantaine d'impacts de balles, tirées sur la façade d’une boulangerie et d’une pharmacie dans la nuit du 14 au 15 septembre. Qui a tiré ? Pourquoi avoir visé ces commerces ? 

Des questions sans réponse pour l'heure

Au lendemain des faits, il est encore trop tôt pour le dire. “L’enquête est en cours”, confirme seulement le parquet de Sens. Elle est confiée à la DCOS d’Auxerre (division de la criminalité organisée et spécialisée, le nouveau nom de la police judiciaire).

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Le maire LR de Sens Paul-Antoine de Carville n’a pas davantage de pistes. “Je suis allé voir les commerçants, ils ne savent pas pourquoi ils ont été ciblés”, indique-t-il. 

Quarante balles tirées, sans pour autant faire de blessé. Un avertissement ? Une mise en garde ? Une lutte de pouvoir, un changement dans la hiérarchie des trafiquants locaux ? “C’est ce que les gens se disent sur place, mais on n’a aucun élément pour le confirmer ou l’infirmer”, soupire le maire de Sens. 

Peu d’élements donc pour l’instant, mais ce n’est pas le premier incident dans ce quartier populaire de Sens.

"Une problématique de trafic de stupéfiants" aux Champs-Plaisants

“Les Champs-Plaisants, c’est un quartier sensible, connu de nos services”, confirme une source policière. “Par le passé, il y a eu des heurts et des émeutes. Il y a une problématique de trafic de stupéfiants.”

Notre source policière poursuit : “Sens, c’est une ville de province mais qui se trouve à la frontière avec l’Île-de-France. Avec une délinquance qui s’apparente à celle de l’Île-de-France."

On est dans la grande couronne, non loin d’autres villes avec les mêmes problématiques : Nemours, Fontainebleau, Montereau-Fault-Yonne qui n’est qu’à 15 minutes…

source policière

"De toute façon, aujourd’hui, les stupéfiants sont partout en province, même dans les campagnes.” Sens, donc, ne fait pas exception. Et ces dernières années, plusieurs affaires ont touché le quartier des Champs-Plaisants. 

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Depuis plus de 10 ans, des incidents ont émaillé la vie du quartier

Entre trafic de drogue et violences urbaines, la vie des Champs-Plaisants est régulièrement marquée par des faits divers. 

  • 2012 : Le gymnase Paul-Bert est incendié en pleine nuit, au mois d'août.
  • 2013 : Des émeutes ont lieu dans le quartier. Voitures incendiées, pompiers caillassés, jets de cocktail molotov... En réponse, des CRS sont envoyés sur place pour sécuriser les lieux.
  • 2014 : L'école Paul-Bert est incendiée un soir du mois de mars. 
  • 2015 : Une semaine après les attentats du 13 novembre à Paris, des perquisitions mènent à quatre interpellations, la découverte de faux papiers et d'armes. La préfecture décrète un couvre-feu à 22 heures, dans le cadre de l'état d'urgence.
  • 2017 : Le centre commercial du quartier est détruit dans un spectaculaire incendie. L'enquête montre que le feu a débuté après qu'une camionnette a foncé dans le bâtiment. Le coupable sera finalement arrêté deux jours plus tard, ivre, en train de s'en prendre à une voiture de gendarmerie.
  • 2017 : Trois mois après le centre commercial, c'est l'école Paul-Bert qui est à nouveau visée. Une tentative d'incendie, qui heureusement ne causera pas de gros dégâts.
  • 2019 : Trois personnes sont arrêtées lors d'une descente de police dans un immeuble. Cela faisait plusieurs semaines que les trafiquants bloquaient le 4e étage de ce bâtiment et filtraient l'accès des résidents.
  • 2020 : Six personnes, des trafiquants de drogue présumés, sont interpellés dans le cadre d'une nouvelle descente de police. D'importantes quantités de drogue sont saisies. 
  • 2023 : Durant l'été, des émeutes consécutives à la mort de Nahel touchent de nombreuses villes, y compris Sens et ses Champs-Plaisants. Le centre social, en cours de construction, est détruit. Les dégâts sont chiffrés à plusieurs millions d'euros.

Les derniers mois ont été "plutôt calmes"

Aujourd'hui, il faut pourtant nuancer ce tableau, note le maire de Sens Paul-Antoine de Carville. “Ce qu’il s’est passé ce week-end, c’est un peu spectaculaire, mais c’est aussi un fait isolé.”

Le maire reconnaît le passif agité du quartier, mais il note que les choses s’étaient tassées depuis plus d’un an. “On a eu des émeutes à l’été 2023, à la suite de la mort de Nahel. Le centre social a brûlé. Mais depuis, rien de particulier, la période 2023-2024 a été plutôt calme.” De quoi rendre la fusillade de ce week-end encore plus énigmatique. “Ça pose des questions. C’est surprenant.”

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