L’année 2022 a été marquée par le retour de la violence clandestine en Corse. Les incendies et attentats, visant majoritairement des résidences secondaires, se sont multipliés. Si certains ont été revendiqués par le FLNC, d’autres portent la marque d’un nouveau sigle, encore mystérieux, "GCC".
Depuis le début de l’année, la Corse est de nouveau le théâtre d’actions violentes. Les incendies et attentats se sont multipliés : explosion de deux maisons le 16 janvier à Brando, incendie le 22 février à Conca, appartement et voiture brûlés le 7 mars à Bravone, maison touchée par une explosion le 28 mars à Cargèse…
Le 14 d’avril, on compte déjà 11 résidences secondaires visées par des actes criminels.
Au total, à la fin du mois de décembre, on dénombre 26 actes criminels perpétrés contre des résidences secondaires. Une dizaine d'autres concerne des établissements tels que des restaurants, des concessions automobiles ou encore des engins de chantier.
Si ces actions ne sont, dans un premier temps, pas revendiquées, elles s'inscrivent dans un contexte de début d'année tendu, suite à l'agression mortelle d'Yvan Colonna.
Mars : premier communiqué du FLNC
Le 16 mars, à quelques heures de l’arrivée en Corse du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, venu pour lancer un cycle de discussions avec les élus de l’île, le FLNC menace de repasser à l'action.
Dans un communiqué authentifié par Corse-Matin, le mouvement clandestin regroupant l’Union des combattants et le 22 octobre affiche son soutien à Yvan Colonna et à la jeunesse qui s’est "emparée" de la "révolte".
Le FLNC avertit sans ambiguïtés : "Si l’Etat français demeurait encore sourd(…), il ne pourra y avoir de sacrifice de la jeunesse qui n’entraîne une réaction proportionnée de notre part". Avant d’ajouter : "Rapidement, les combats de la rue d'aujourd'hui seront ceux du maquis de la nuit de demain".
La dernière communication du FLNC remontait alors à fin septembre 2021. Elle concernait une tentative d'attentat à Capo di Feno, sur la commune d'Ajaccio.
Juillet : 16 actions revendiquées
Quatre mois plus tard, le 11 juillet, nouveau communiqué. Le FLNC y revendique 16 actions perpétrées contre des résidences secondaires, des entreprises de BTP, un camping et deux véhicules de police.
À moins de dix jours d’une nouvelle réunion entre les élus de la Corse et Paris, le mouvement clandestin se montre sévère envers l'État et exhorte également le "président de l’Exécutif à prendre la mesure de sa responsabilité".
Août : un nouveau sigle, "GCC"
C’est au cours de l’été qu’apparait un nouveau sigle sur les lieux visés par des actes criminels : "GCC". Pour l’heure, sa signification comme son origine restent entourées de mystère.
Le sigle est découvert pour la première fois le 4 août, sur les murs d’une résidence secondaire incendiée à Bastelicaccia.
Des tags similaires seront ensuite relevés sur la façade d’une autre maison incendiée à Porticcio.
Le 20 octobre, c’est sur une pelle de chantier partiellement brûlée, à Cuttoli-Corticchiato, qu’on trouvera une nouvelle fois l’inscription.
Dans les semaines qui suivent, le sigle sera retrouvé à plusieurs reprises : le 16 novembre sur un engin de chantier à Ajaccio, le 5 décembre sur un bungalow incendié à Ghisonaccia ou encore le 13 décembre sur deux pelleteuses brûlées à Alata.
Dernier en date : le 15 décembre, sur un engin de chantier incendié à Ajaccio.
Décembre : des militants nationalistes interpellés
Début décembre, onze personnes ont été interpellés en Corse dans le cadre d’une information judiciaire ouverte des chefs "'d’association de malfaiteurs terroriste, destructions (ou tentatives) aggravées en relation avec une entreprise terroriste, infractions à la législation sur les armes et les explosifs en relation avec une entreprise terroriste".
Parmi elles, plusieurs anciens ou nouveau membres de l'exécutif de Corsica Libera dont Charles Pieri, un des anciens leaders du mouvement et ex-chef présumé du FLNC.
Ce dernier a été placé en détention le 9 décembre dernier. D'autres militants du parti indépendantiste ont été mis en examen, mais laissés libres sous contrôle judiciaire. Enfin, deux autres personnes, interpellées dans le même dossier, ont elles été relâchées.
Suite à ces interpellations, Corsica Libera a dénoncé la volonté du gouvernement français de "réprimer son action politique et d'en museler l'expression".